Au chevet du climat suisse

Martine Rebetez. Climatologue et professeure à l’Université de Neuchâtel et à l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage. Licence (1985) et doctorat (1992) en géographie à l’UNIL. © Pierre-Antoine Grisoni/Strates

Martine Rebetez nous reçoit dans son bureau ensoleillé, à l’Université de Neuchâtel. La climatologue y est professeure depuis 2006 et collabore à l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) depuis 1996. De son enfance dans la campagne vaudoise au sein d’une famille d’horlogers des Franches-Montagnes (Jura), elle se souvient de ses passions, pour la nature et le ski, et pour les mathématiques et les langues. Au moment de s’inscrire à l’Université de Lausanne, son cœur balance entre la physique et la linguistique. «Des amis m’ont dit: “Choisis la géographie, entre sciences humaines et naturelles, ça te plaira!” Je leur saurai gré de ce conseil toute ma vie», confie la scientifique. «En première année, j’ai suivi un cours sur la géographie des systèmes, d’Eugen Cosinschi. J’y ai entendu parler de climatologie pour la première fois. Le caractère à la fois global et local de cette discipline m’a immédiatement fascinée», se remémore la chercheuse, qui contribue entre autres aux publications du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). 

Pendant sa licence, Martine Rebetez décroche une bourse pour étudier une année à Zurich, ce qui lui a permis d’apprendre le suisse-allemand tout en profitant des cours de climatologie à l’EPFZ. Elle enchaîne avec une thèse (1992) à l’UNIL, une analyse du climat suisse et de sa perception par les Romands: «Je suis toujours restée à l’intersection entre sciences naturelles et sciences humaines.» Actuellement, elle planche sur divers projets concernant l’adaptation aux changements climatiques, qu’il s’agisse du vignoble neuchâtelois, des forêts et des arbres fruitiers ou des centres urbains. La présidente de l’Association des professeur-e-s de l’UNINE avoue qu’elle fait «un peu trop de choses.» La famille et le sport lui permettent de garder un équilibre. Après avoir longtemps pratiqué le volleyball et le tennis, c’est désormais surtout en montagne et en randonnées à ski qu’elle se ressource. Elle a participé notamment à la Patrouille des Glaciers et au Trophée du Muveran. 

Combat pour la vérité 

La professeure a contribué à une forme singulière d’information sur les changements climatiques en se rendant en 2014 sur le toit de l’Europe avec d’autres scientifiques pour un documentaire d’Arte, Objectif Mont-Blanc. «Le film a touché un large public. Mais le tournage était particulier, avec une quinzaine d’hommes. Il y avait une forte inertie de groupe et une lenteur terrible», sourit Martine Rebetez, qui préfère une montagne moins fréquentée et semble apprécier que les choses soient vite et bien faites. Pourtant, la chercheuse doit déployer des trésors de patience lors de ses interventions médiatiques. L’agacement pointe lorsqu’elle évoque la «désinformation délibérée sur les changements climatiques, financée principalement par les milieux pétroliers et miniers». 

La climatologue fait partie de plusieurs commissions scientifiques, dont celle du mouvement des Grands-parents pour le climat. «J’y fais des rencontres passionnantes de personnes qui s’investissent de façon désintéressée pour le futur des jeunes d’aujourd’hui.» Son rêve? Des panneaux solaires sur tous les toits et une réduction de la consommation énergétique à tous les niveaux.

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