Lettres de Charles-Albert Cingria à Meraud Guevara

Charlers-Albert Cingria, Lettres à Meraud Guevara et ses amis.
62 lettres et cartes postales autographes signées (1941-1953)

IS 5774

Charles-Albert Cingria, né à Genève en 1883, vit en France depuis 1915, mais séjourne régulièrement en Suisse (Genève, Lausanne, Fribourg).

A cheval entre les deux pays, il est introduit dans leurs milieux artistiques et littéraires respectifs. Bon vivant, voyageur, vélocipédiste et musicien, Cingria vit de sa plume mais est constamment à la recherche d’un logis, d’argent ou d’une possibilité de publier ses textes. Parmi ses amis les plus fidèles et les plus proches figure l’artiste-peintre Meraud Guevara, épouse d’Alvaro Guevara, à qui il rend régulièrement visite à Paris ou à Aix-en-Provence. De 1941 à 1953, année précédant sa disparition, Cingria entretient avec elle une correspondance pleine d’amitié, où la plume et la verve de l’écrivain sont reconnaissables :

« Je ne suis pas un danseur mondain. Je suis un philosophe vélocipédiste. Ah mais que les gens d’ici [Lausanne] sont impossibles à endurer! Ce Géa [Augsbourg], hier, tout à coup profondément insultant. Ce [Paul] Budry de pâtes de Guimauve. Ce dégonflardisme général. Les éditeurs aussi, les directeurs de journaux aussi. Rien n’aboutit et surtout rien ne paye. Les gens qui vous invitent à dîner se dédisent au téléphone. Tout est mou, inconsistant, dépourvu d’héroïsme. A partir de ce moment je ne puis plus écrire, plus téléphoner. Mes derniers métalliques se sont dépensés à réagir contre un idiot qui disait : Et comme boisson non alcoolique qu’est-ce que vous avez (au restaurant) ? J’ai immédiatement dit : donnez-moi un litre de vin richement alcoolisé. » (24 novembre 1941)

Cette importante correspondance a été remise à la BCU Lausanne conformément à un accord passé par le Dr Julien Bogousslavsky avec les autorités vaudoises, à l’instar de toute une série de livres et documents rares en rapport avec le patrimoine culturel vaudois.

La BCUL possède un fonds Charles-Albert Cingria très riche, complémentaire à celui du Centre de recherches sur les lettres romandes.

Carnet d’une « anticommuniste »

[Anonyme], Carnet d’une « anticommuniste », Manuscrit autographe en russe et en français, 1918-1920, 1 cahier
IS 5755

Nous sommes à Kiev, 12 août 1918. Une dame non identifiée commence un journal où elle relate les crimes, les atrocités et les violences commis par les soldats de l’Armée rouge contre la population. Au milieu de son récit, écrit en russe, surgit la copie en français d’une pétition de citoyens helvétiques, membres de la Société de bienfaisance de Kiev, qui dénoncent au « Département politique suisse » l’activité du secrétaire du consulat. A la suite de la dernière note datée 1er avril 1920, une « Liste des individus signalés comme ayant des tendances bolchevistes », où défilent en ordre alphabétique des personnes résidant en Suisse avec nom, prénom, adresse et activité suspecte. Anarchistes, socialistes, juifs, associations ou journaux y sont fichés :

« Dainoff et sa femme. 15 rue du Mont-Blanc, Genève. Se donne comme social patriote, mais serait un anarchiste russe dangereux.
Guilbaux Henri. Français, directeur de la revue Demain.
Flecchia Vittorio. Lausanne. Italien reformé, ouvrier peintre, un des fondateurs de l’Union des sans-patrie.
Noverraz Gustave. Imprimeur de la revue Demain et de L’Indépendance helvétique et de nombreux tracts révolutionnaires, bien connu pour sa participation aux troubles révolutionnaires. »

Qui est cette femme non identifiée? Quel est son rôle? Pour qui travaille-t-elle? Espionne russe? Agente secrète suisse? A quelles informations supplémentaires peut conduire ce journal? Tout reste à découvrir…

Il était une fois… la poste d’Aigle

Il était une fois Album photographique du bureau de la Poste d’Aigle, Un cahier relié, 1951-1956
IS 5747

Quelques phrases en style télégraphique, et quelques photos en petit format collées sur un cahier, illustrent la vie quotidienne du bureau de la Poste d’Aigle entre le 1er mai 1951 et le 31 mars 1956. Probablement confectionné pour marquer le départ d’une de ses employées, ce document nous fait découvrir un bureau postal typique de son époque, avec son mobilier et ses équipements datés, tout en constituant un témoignage touchant de la vie professionnelle alors partagée par un groupe de personnes.

S’il ne gèle en janvier et février, viennent mars et avril pour tout détruire

Henry Dufour, Météorologie agricole, Un volume autographié, 1897
IS 5672

Henri Dufour (1852-1910), professeur de physique et de météorologie à l’Université de Lausanne et créateur de l’Institut de météorologie à Champ-de-l’Air, imprime en 1897 son cours de Météorologie agricole et prévision du temps en un petit volume autographié – l’autographie étant un procédé d’impression lithographique réservé à l’origine à de petits tirages.

A la fin de son ouvrage, en guise de procédé mnémotechnique, le professeur dresse une liste des « Proverbes météorologiques … ceux dont la justesse est confirmée par les observations scientifiques. » A remarquer que la plupart sont donnés en patois. En voici un exemple suivi de sa traduction :

« Sé Janvier ne janviotté et sé Fevrai ne fevriotté / Ma et Avri débliottant
S’il ne gèle en janvier et février / viennent mars et avril pour tout détruire.
»

Mémoires de Dimitri C. Narishkine

Dimitri C. Narishkine, Mémoires … dictés à son ancien secrétaire, M. André Goumaz de Sédeilles, 1 dactylogramme, 2 cartes de visite, 2 photographies, 1917-1918
IS 5737

Bien sûr, nous avons là les souvenirs d’un chambellan qui côtoie Nicolas II de Russie au début du XXe siècle. Mais leur intérêt provient aussi de l’axe qu’il dessine entre la Suisse et la Russie. Cet ensemble de documents éclaire la trajectoire de nombreux Suisses émigrés à l’étranger au service de familles fortunées. André Goumaz de Sédeilles s’occupa de la santé et des affaires du prince Narishkine de 1917 à 1918, à Paris.

Livre de notes d’une élève sage-femme

Françoise Jouvet, Livre de notes, d’instructions et de recettes d’une élève sage-femme, Manuscrit autographe, 1865-1866, 1 cahier
IS 5727

Le 26 novembre 1865, la jeune Françoise Jouvet commence son cours de sage-femme 2 rue de la Mercerie à Lausanne. Pendant une année, elle prend des notes sur les différents aspects de son futur travail. Dans le domaine des lois :

« L’enfant né avant le 300e jour dès le divorce ou la mort de l’un des époux est un enfant légitime. »

Dans celui de la médecine :

« Les seins sont des organes au nombre de deux.»

Dans celui des remèdes :

«Fumigations aromatiques : Graines de genièvre, 1 poignée: mettre par pincées sur les charbons ardents au-dessus de la partie abritée par une couverture de laine. »

Dans cet univers féminin, les femmes restent pourtant partie négligeable, comme on lit dans ce brouillon de lettre écrit à Nouvel-An à :

« Monsieur et très honoré professeur. La tâche est grande quand on veut instruire les femmes, elle est immense quand on veut les rendre sages-femmes. … Votre reconnaissante élève. Françoise Jouvet. »

Correspondance entre Gaston Cherpillod et Sylvette Leresche

90 lettres de Gaston Cherpillod à Sylvette Leresche et 117 lettres de Sylvette Leresche à Gaston Cherpillod, 1973-1977, 2 cartons
IS 5715

Gaston Cherpillod (1925-2012) est un écrivain atypique pour son époque : issu d’un milieu prolétarien, politiquement engagé à gauche, il développe un langage riche et précieux, une écriture savante. Si dans ses livres il touche à la critique sociale et à la nature, dans cette correspondance il n’est question que de son troisième registre expressif — l’amour. De 1973 à 1977, par le biais d’environ deux cents lettres, Gaston Cherpillod et Sylvette Leresche, institutrice à Vallorbe, racontent une histoire intensément vécue.

« Passage du poète » vendu par souscription

Dossier relatif à la vente par souscription de Passage du poète, de C.F. Ramuz, Manuscrits autographes, bulletins imprimés avec annotations autographes, 1923, 1 dossier
IS 5712

Très attentif aux questions matérielles, C. F. Ramuz coordonne l’impression, la vente et la diffusion de ses œuvres. A partir de 1923, en raison de la mauvaise conjoncture économique, l’écrivain autoédite ses livres par le biais de la souscription. Dans ce dossier relatif à Passage du poète, « Edité par les soins de l’auteur : l’Acacia, Cour p/Lausanne », sont réunis noms de libraires, listes de souscripteurs et bulletins de ceux-ci. Il s’agit de documents très intéressants qui renseignent d’une part sur la pratique de l’édition après-guerre, d’autre part sur l’implication de l’écrivain dans toutes les phases de sa création.

Souvenir de l’occupation des frontières

Souvenir de l’occupation des frontières suisses Album photographique, Lausanne, Montreux, 1 cahier relié, 1914-1915
IS 5708

Groupes de blancs gymnastes en action ou au repos, parades à pied ou à cheval, exercices d’artillerie, pique-niques sur l’herbe, sorties en bateau, à la campagne ou à la montagne, groupes de cuisiniers, de notables, d’hommes posant devant des bistrots, d’infirmières, grandes tablées…

En regardant cet album de photographies prises à Montreux pendant la mobilisation, de 1914 à 1915, on a l’impression de participer à un mouvement festif et enthousiaste qui façonne une communauté pour laquelle la guerre reste un phénomène extérieur aux frontières nationales.

Carnet de vol de Marc-Henri Thélin

Marc-Henri Thélin, Flugbuch – Carnet de vol, 1 carnet manuscrit, 1 carnet imprimé avec annotations manuscrites, 1933-1957
IS 5707

Marc-Henri Thélin (1908-1989), professeur et directeur de l’Institut universitaire de médecine légale, cultive sa passion de voler pendant plus de vingt ans. Inscrit à la section vaudoise de l’Aéro-club de Suisse, il annote dans deux carnets 1835 vols accomplis de janvier 1933 à juillet 1975. Informations techniques et observations y sont inscrites d’une écriture égale et régulière. Le premier vol – 3’ – en double commandes avec M. Ramacher. Le dernier, – 12’ – sur un Piper avec un passager, au-dessus de Lausanne. Bien que technique, c’est une sorte de journal intime qu’on feuillette au fil des ans.

La collection d’autographes d’Agénor Krafft

Agénor Krafft, Choix de lettres des membres du Groupe de Coppet. Lettres au rédacteur en chef de la Bibliothèque universelle, Lettres autographes signées sous cadre, 1781-1829, lettres autographes signées réunies par fascicules en ordre alphabétique, 1866-1909, 1 boîte
IS 5700

Agénor Krafft (1895-1964), avocat lausannois, membre fondateur de l’Association des amis de Benjamin Constant et collectionneur passionné d’autographes, donne son nom à une étonnante collection de correspondances et manuscrits. Depuis son plus jeune âge, il rassemble des signatures de personnages célèbres (suisses et francophones de préférence). D’abord recherchés dans l’entourage familial puis achetés aux enchères, ces documents – essentiellement des lettres – sont très hétérogènes, la signature de leur auteur primant leur contenu. Seul l’intérêt personnel que Krafft éprouve pour Benjamin Constant permet de constituer une sous-collection plus homogène.

Hormis ce cas, seuls les aléas du marché amènent le collectionneur à acheter des pièces isolées ou des lots de correspondances, notamment celles du médecin russe Sergueï Botkine (1832-1889), de l’écrivain français Louis Artus (1870-1960) ou d’Edouard Tallichet (1828-1911), rédacteur en chef entre 1866 et 1909 de la revue mensuelle genevoise La Bibliothèque universelle.

Nous présentons ici quelques lettres de membres du Groupe de Coppet (Benjamin Constant, Germaine de Staël, Albertine de Broglie et Jacques Necker) mises sous un double-verre pour pouvoir les admirer recto-verso, ainsi qu’un ensemble de dossiers réunissant les lettres par ordre alphabétique créés par la rédaction de la Bibliothèque universelle à la fin du XIXe siècle.

Henry Vallotton, Voyages au Proche-Orient et en Afrique

Henry Vallotton, Voyages au Proche-Orient et en Afrique, Négatifs sur plaques de verre, 2 volumes imprimés
IS 5699

Henry Vallotton (1891-1971) est l’auteur de plusieurs livres, notamment L’auto dans la brousse : notes d’un voyage en Afrique occidentale et Sur six-roues : de Paris au Caire par Constantinople et Bagdad, publiés à Lausanne en 1925 et 1927. Environ 220 clichés sur plaques de verre, conservés dans leurs boîtiers d’origine, racontent ces deux voyages et donnent à voir des pays – aujourd’hui théâtres de guerre, comme la Syrie –, des populations soumises à la colonisation française ou anglaise et leurs occupants.

Le regard du photographe s’arrête aussi sur les paysages et le patrimoine bâti. Guère utilisées pour la publication des deux livres, ces images mériteraient d’être reconsidérées, en raison tant de leur excellente qualité que du contexte dans lequel elles ont été prises : «Les noirs des Colonies aiment-ils donc vraiment la France ? C’est une question délicate que je me suis souvent posée au cours de ce voyage.» (L’auto dans la brousse, p. 109)

C.F. Ramuz, Le Journal, Remarques, Notes et articles

C.F. Ramuz, Le Journal ; Journal de ces temps difficiles ; Choses écrites pendant la guerre et articles ; Remarques ; Notes et articles, Dactylogramme avec corrections autographes et collages, 1939-1941, 425 ff.
IS 5672

En 1941, C.F. Ramuz (1898-1947) est un écrivain consacré, dont la publication des Œuvres complètes (1940-1941) chez l’éditeur et mécène Henry-Louis Mermod touche à son terme. Le dix-neuvième volume comprendra Remarques, Notes et articles et Choses écrites pendant la guerre. Ce dernier texte sera ensuite publié séparément dans Fragments de Journal 1895 – 1920, suivi de Choses écrites pendant la guerre 1939 – 1941, volume qui sortira en 1942 (daté 1941). Pour ce texte composite et complexe, Ramuz reprend des éléments de son journal intime écrits depuis 1895, pour leur ajouter entre 1939 et 1941 des réflexions parfois tirées d’articles déjà publiés. Même procédé pour les Remarques et les Notes et articles. Le copier-coller est une technique employée de tout temps – mais ici le bricolage de papier, au moyen de la colle et des ciseaux, est remarquable.

Théophile-Alexandre Steinlen, Lettres à Paul Pérès

Théophile-Alexandre Steinlen, Lettres à Paul Pérès, 19 lettres autographes signées et enveloppes, 1 plaquette d’exposition, 1911-1923
IS 5686

Illustrateur et humoriste de grand talent, Théophile-Alexandre Steinlen (1859-1923), né à Lausanne, s’établit en 1881 à Paris où il passera le reste de sa vie. Par ces lettres à ses amis Paul Pérès, directeur d’une troupe de théâtre ambulant, et son épouse, nous entrons dans l’intimité d’une relation généreuse. Au fil des expositions et des tournées s’expriment les soucis de santé ou d’argent de chacun, que marquent aussi de vives préoccupations nées de la guerre qui mobilise la France dès 1914. La BCUL a fait l’acquisition de ces pièces qui permettent de mieux comprendre cet artiste et son époque.

Gustave Roud, Lettres à René Borchanne

Gustave Roud, Lettres à René Borchanne, Lettres autographes signées, 1945-1958, 3 ff.
IS 5682

Gustave Roud (1897-1976), poète, traducteur, critique d’art et photographe, prend une part étroite à la vie culturelle du lieu. Il est en contact avec les écrivains et les artistes de son temps tels C. F. Ramuz, René Auberjonois ou Steven-Paul Robert, comme avec leurs cadets, Jacques Chessex et Philippe Jaccottet.

Figure majeure de la poésie francophone du XXe siècle, Gustave Roud est également un photographe avisé. La BCUL conserve un fonds très important de ce pan de sa création, dont une bonne partie est numérisée de manière à compléter le fonds des manuscrits conservé au Centre de recherches sur les lettres romandes. Au fil des opportunités, elle acquiert tout document pouvant enrichir cette collection.

Edmond Jaloux, Les quatre-vingts ans du docteur Freud

Edmond Jaloux, Les quatre-vingts ans du docteur Freud, Manuscrit autographe, [1936], 5 ff.     IS 5677

Edmond Jaloux (1878-1949), écrivain et journaliste proche du régime de Vichy, est correspondant littéraire en Suisse pendant la Deuxième Guerre mondiale pour le compte du gouvernement français. Etabli à Lutry de 1937 à sa mort, il collabore également à la revue de droite Mois suisse, et participe à la vie culturelle lausannoise.

La BCUL acquiert et conserve tout document pouvant concerner cet auteur français en lien durable avec la vie culturelle du canton de Vaud.

C.F. Ramuz, Pourcentage pour la publication des œuvres

C.F. Ramuz, Notes relatives à la perception du pourcentage pour la publication de ses œuvres, Manuscrit autographe avec des annotations de la main de sa fille Marianne Olivieri, 1 imprimé, [1946], 5 ff.
IS 5672

C.F. Ramuz (1878-1947), écrivain et poète vaudois reconnu dans son pays comme à l’échelle internationale, n’avait pas que des préoccupations d’écriture. Ces quelques lignes sur papier bleu, écrites à l’intention de l’éditeur Grasset qui détenait les droits de ses œuvres, montrent à quel point ses soucis d’ordre économique deviennent lancinants après la Deuxième Guerre mondiale :

« Récemment chute de 10 fr à 3 fr 60 : je ne toucherai plus que le tiers. Impossible de vivre. Je sais bien que légalement tout est en ordre, mais il y a le côté humain dont je demande qu’on tienne compte et que les absurdités de la légalité soient compensées par la justice. »

Livre de raison de César Chavannes

César Chavannes, Livre de raison, Manuscrit autographe, 1796-1831, 6 cahiers
IS 5670

Pasteur, bibliothécaire et professeur de latin au Séminaire français de l’Académie de Lausanne, César Chavannes (1762-1840), a tenu un Livre de raison pendant 35 ans, de 1796 à 1831. Ce registre comprend des informations diverses sur sa vie quotidienne allant de la gestion de ses terres (vendanges, moissons, soins au bétail) à ses soucis de santé, en passant par l’évocation de faits divers, comme la mise à mort d’un homme jugé coupable d’assassinat :

« [François-Louis Pingout] a été exécuté à Vidy le lundi matin 30e [septembre 1805] … Il n’avait que 24 ans et jamais il n’avait reçu d’instruction religieuse … c’était un malheureux fils naturel, absolument aband[onné] par ses parens.»

Une lettre de Benjamin Constant à de Martignac, ministre de l’Intérieur

Benjamin Constant, Lettre au Ministre de l’Intérieur Jean-Baptiste Sylvère Gaye Vicomte de MartignacLettre autographe signée, [1828-1829], 1 f.
IS 5651

Peu avant la fin de la Restauration, Benjamin Constant, alors député à la Chambre, envoie « une idée » au ministre de l’Intérieur Martignac. L’intérêt public de la proposition est présenté non sans flatterie pour le ministre :

« Monsieur de Martignac serait digne d’attacher son nom à une mesure de [ce] genre. »

Benjamin Constant (1767-1830) est une des figures majeures de la vie politique et culturelle suisse et française entre le XVIIIe et le XIXe siècle. La BCUL possède de cet auteur un fonds manuscrit très substantiel, constamment enrichi, que les chercheurs du monde entier viennent consulter. L’édition des Œuvres complètes de Benjamin Constant, en cours chez l’éditeur Niemeyer, compte à ce jour 29 tomes publiés sur les 50 prévus (œuvre et correspondance).

Monument à Juste et Caroline Olivier à Gryon

Monument à Juste et Caroline Olivier à Gryon, Cartes postales relatives à la construction du monument, 1906, 9 pièces
IS 5644

Les 9 et 10 novembre 1906, un bloc erratique est prélevé du plateau d’Anzeindaz et transporté à Gryon pour qu’il en soit fait un monument à la mémoire de Juste et de Caroline Olivier, couple de lettrés illustres ayant habité le village de 1870 à 1875. Ces neuf cartes postales illustrent l’événement, du charriage du bloc à l’achèvement de l’œuvre.

C.F. Ramuz – Les deux vieilles demoiselles

C.F. Ramuz – Les deux vieilles demoiselles
C.F. Ramuz, Les deux vieilles demoiselles (manuscrit autographe signé C.F. Ramuz, 1 vol.)

Les deux vieilles demoiselles, œuvre mineure, appartient à l’époque où Ramuz séjourna à Paris (1904-1914) tout en participant à la vie littéraire romande. Pendant cette période, il signa des chroniques, des comptes-rendus, des poèmes et des nouvelles dans la Gazette de Lausanne, le Journal de Genève, la Semaine littéraire, ainsi que dans la revue française Essais. Les deux vieilles demoiselles ont paru dans le Journal de Genève en juillet 1906.

Ce manuscrit original a appartenu à Pierre Weiller, dont l’ex-libris gravé a été collé sur la page de garde.

Si une grande partie des archives de C.F. Ramuz sont encore conservées à Pully par sa fille, Marianne Olivieri, le Département des manuscrits de la BCUL conserve de nombreux originaux de ce grand auteur vaudois. Toujours d’actualité, l’édition critique de son œuvre fait partie des projets majeurs du Centre de recherches sur les lettres romandes (CRLR). La fin de la parution est prévue pour 2012.

Catalogue raisonné de l’oeuvre de Ric Berger

Catalogue raisonné de l’œuvre de Ric Berger (Lieux divers, 1914-1967, manuscrit autographe avec dessins, schémas des œuvres et coupures de presse, 1 vol.)

Le Morgien Richard Berger, alias Ric Berger (1894–1984), est l’auteur de nombreux ouvrages sur le patrimoine archéologique et historique du canton de Vaud. En plus d’avoir réalisé une production picturale importante, Ric Berger fut professeur et historien d’art, auteur et éditeur d’une centaine de livres sur le patrimoine vaudois illustrés par des dessins de son cru. Il fut aussi linguiste et promoteur de la langue internationale « INTERLINGUA ».

Pendant 53 ans de 1914 à 1967, Ric Berger a tenu un catalogue raisonné de ses œuvres. Ce catalogue contient les numéros de chaque peinture (plus de 3’000 tableaux), les lieux, les croquis, les formats et leur destination.

Ce document a appartenu à Claude Girardet, qui a publié en 2010 l’ouvrage intitulé Catalogues raisonnés en deux volumes de l’œuvre de Ric Berger. Il vient compléter la très large collection de manuscrits en relation avec l’histoire et l’histoire de l’art vaudoises conservée par le Département des manuscrits de la BCUL.

Henri Fraisse – Croquis et relevés

Henri Fraisse – Croquis et relevés
Henri Fraisse, Croquis et relevés, voyages en Italie et en Provence en 1826 (Lieux divers, 1826, 2 vol. in-folio)

Henri Fraisse (1804-1848), fils de Jean-Abraham Fraisse, architecte, et frère de l’ingénieur William Fraisse, entreprend en 1820 des études à l’Académie de Lausanne pour devenir pasteur. Sa santé fragile et son goût pour le dessin l’orientent vers l’architecture à laquelle il a été initié par Jean-Siméon Descombes architecte lausannois.

Agé de 22 ans, il entreprend de décembre 1825 à mai 1826 un voyage en Italie en compagnie d’un jeune artiste français.

L’ensemble acquis comprend 450 dessins originaux au crayon et à la plume, en partie lavés et aquarellés, de format variable.

Ces dessins, rapportés d’un voyage à but culturel, illustrent des monuments connus, des bâtiments et des demeures caractéristiques, des perspectives urbaines et des vues panoramiques ainsi que des objets de musées et de collections. Le premier volume, daté d’avril 1826, est consacré essentiellement à Rome et à sa région. Le second, daté de mai à août 1826, contient des vues de Spolète, Foligno, Assise, Pérouse, Arezzo, Florence, Lucques, Pise, Livourne, Voltera, Viterbe, Bologne et Milan. On y trouve également des vues d’Arles, Nîmes et Orange. Les dessins architecturaux, basés sur des relevés précis, frappent par la qualité de leur rendu très professionnel et par leur sens des proportions. Les vues urbaines, scènes de rue et paysages témoignent d’une bonne maîtrise technique et d’une sensibilité aux détails.

Ces albums, qui ont appartenu à l’architecte genevois Edmond Fatio, dont ils portent l’ex-libris, viennent compléter la collection de docu-ments architecturaux que conserve le Département des manuscrits de la BCUL, comme notamment les archives d’Henri de Geymüller.