Comment vivre en ville ?
Professeur associé en économie urbaine à l’IDHEAP, Olivier Schöni vient des mathématiques. Ce Tessinois de 39 ans a étudié à Fribourg, où il s’est réinstallé depuis peu, avec sa femme enseignante spécialisée et leurs enfants, un petit garçon de 9 ans et une fillette de 6 ans. Les logements lausannois sont-ils hors de prix ? Évidemment, par rapport à Londres, où Olivier Schöni a réalisé son postdoc, il semble y avoir (encore) de la marge. S’agissant de la comparaison avec Fribourg, le coût d’un logement à Lausanne est nettement plus élevé, constate ce spécialiste de l’immobilier et des enjeux associés au fait de vivre dans les aires urbaines.
Les prix vont-ils augmenter ? La réflexion est la suivante : «Si la demande immobilière reste importante sous la pression des nouveaux ménages, l’espace disponible ne cessera logiquement de se restreindre. En conséquence, sur le long terme, les prix vont augmenter. Les inégalités vont se creuser entre les propriétaires et les locataires, les personnes implantées depuis longtemps et les arrivants ; dans ce contexte, il n’est pas certain que les villes puissent résorber ou, disons, atténuer ces inégalités sur le long terme par une coûteuse politique de soutien au logement.» C’est la Suisse dans son ensemble qui paraît touchée…
L’immensité du Québec, l’exiguïté helvétique
«Je viens de passer cinq ans au Québec, où les espaces libres sont énormes ; la Suisse cumule beaucoup plus de contraintes liées à l’exiguïté de son territoire, à sa topographie, ainsi qu’au désir des citoyens helvétiques de protéger leurs paysages avec une réglementation contraignante. Un jour, il faudra faire des choix délicats et je ne suis pas certain que les Suisses en soient suffisamment conscients», relève le chercheur, qui entend creuser davantage «le lien entre l’économie urbaine et l’administration publique». Sa discipline, en effet, peut proposer «un outil pertinent pour analyser l’impact des politiques en matière de logement, d’implantation des entreprises, de transport individuel et collectif, de dépenses publiques et de politique fiscale.» Ceci à différents échelons : fédéral, cantonal et communal.
Données récoltées mais peu exploitées
Les trois cours qu’il donne aux étudiantes et étudiants de l’IDHEAP s’intitulent «Économie et politique publique», «Économie publique», «Économie urbaine et politiques publiques». Il enseigne également les systèmes d’information et les statistiques publiques dans le cadre de la Formation continue UNIL-EPFL : «Les administrations récoltent quantité de données dans leurs interactions informatisées avec les citoyens et ne savent pas forcément les exploiter pour leur propre usage et pour la population», esquisse-t-il.
Lui-même travaille sur les données spatiales et satellitaires qui donnent de précieuses indications sur chaque territoire géographique analysé. La recherche quantitative est donc utile pour comprendre les contraintes multiples et contradictoires qui pèsent sur nos sociétés de plus en plus urbanisées. – NR