Peter Gelius promeut la santé via le sport et l’activité physique

Faculté des sciences sociales et politiques

Un heureux hasard

Il continue pour l’heure à effectuer un long trajet ferroviaire afin de rejoindre, le week-end, son épouse employée à la ville d’Erlangen. L’Allemand Peter Gelius vient de la science politique et, s’il est rattaché aujourd’hui à l’Institut des sciences du sport et au Centre interdisciplinaire LIVES, la quête de la santé pour toutes et tous n’a pas toujours été au centre de ses préoccupations.

Il est impliqué dans le domaine depuis sa contribution comme doctorant – sur un heureux hasard – à un vaste projet en santé publique réunissant pas moins de 14 pays européens autour de la promotion des pratiques sportives. Des années plus tard, il conseille les 16 régions d’Allemagne et accompagne actuellement l’autoévaluation de leurs politiques sport et santé. Il a été consultant pour l’OMS et l’UE, ainsi que conseiller du Gouvernement allemand sur les stratégies en matière d’activité physique. Progressivement, il noue des relations avec Unisanté, la Haute École de santé Vaud, hepa.ch (Réseau suisse santé et activité physique) et d’autres acteurs du domaine en Suisse aux trois niveaux communal, cantonal et fédéral.

Parcours de vie et activité physique

«De nombreux chercheurs travaillent sur des solutions pour promouvoir le mouvement et la santé individuelle, par exemple via des applications ou des programmes d’activité physique pour telle ou telle personne. Venant des sciences sociales, je m’implique au niveau des groupes sociaux, y compris défavorisés, donc moins susceptibles de pratiquer déjà un sport et de bouger durant leur temps libre, ne serait-ce que pour des raisons financières. On peut penser aux populations âgée ou migrante et à leurs conditions de vie spécifiques. Il s’agit de nouer un dialogue entre les représentants de ces divers groupes, les municipalités, les politiques, les experts en promotion de la santé, parfois simplement autour de petites interventions comme poser des bancs et de la lumière dans des parcs publics», illustre Peter Gelius.

Le professeur entend déployer ses activités autour de projets impliquant le conseil aux politiques, la recherche collective et participative de solutions, ainsi qu’une attention aux influences réciproques entre le climat, le sport et la santé tout au long de nos parcours de vie. Avec des collègues de l’IDHEAP, il a ainsi participé à une conférence lors du centenaire des premiers Jeux olympiques d’hiver en mars 2024 ; son intervention a porté sur «l’interaction entre les changements climatiques et l’organisation de la plupart des sports».

Décarboner les pratiques sportives

«Alors qu’on cible volontiers la formule 1 comme sport nuisible au climat, il faut préciser que les voitures de course sont elles-mêmes assez peu nombreuses dans le monde», soutient le chercheur, qui pointe plutôt le problème des déplacements (athlètes, accompagnants et spectateurs). Un problème alarmant dans de nombreux autres sports, bien plus populaires, mais dont nous avons tendance à négliger les effets climatiques. Comment réorganiser, par exemple, les ligues de football amateur, dont les équipes doivent fréquemment bouger d’une ville à l’autre pour se retrouver ? Peter Gelius collabore avec des collègues qui utilisent des modèles informatiques pour optimiser l’empreinte carbone de ces pratiques sportives. Ce travail doit toutefois être associé à d’autres études qualitatives et à des échanges intensifs avec les athlètes et les organisations sportives, l’ordinateur ne tenant pas compte des habitudes individuelles et des cultures sportives.

Accroître l’activité des individus paraît essentiel à la promotion de leur bien-être et à la maîtrise des dépenses publiques de santé, bien que cette augmentation ne soit pas forcément en phase avec la lutte pour réduire la hausse des températures mondiales. Dès lors, la discipline qui croise santé, politiques publiques en matière d’activité physique, enjeux climatiques et parcours de vie s’avère porteuse. «Nous devons réfléchir à la façon dont le sport et l’activité physique peuvent être bénéfiques à la fois pour la santé des individus et pour celle de la planète», conclut Peter Gelius. – NR