Entre 2013 et aujourd’hui, le nombre de demandes d’aménagements est passé de 50 à 500 par an. Deux facteurs expliquent cette forte augmentation : d’une part, un changement sociétal : « Davantage de personnes osent se lancer dans des études, y compris avec un handicap, car elles savent pouvoir bénéficier du soutien de leurs proches, de l’institution et des associations », amorce Nathalie Janz, adjointe Enseignement auprès de la Direction de l’UNIL. S’ajoute à cela le fait que « les troubles dys, de l’attention ou du spectre autistique – qui constituent l’essentiel des demandes – sont mieux identifiés et pris en charge de plus en plus tôt ».
Pour imaginer des solutions adaptées, l’analyse au cas par cas demeure la norme, en fonction des besoins particuliers liés aux stratégies de compensation que chacune et chacun a mises en place. À la personne donc de s’annoncer auprès de sa faculté – toutes se sont dotées d’une ou d’un responsable de ces questions. Décision est ensuite prise quant aux adaptations possibles.
« Il peut s’agir d’aider quelqu’un à trouver le meilleur itinéraire pour changer d’auditoire en fauteuil roulant ou de décider de combien de temps supplémentaire un étudiant dyslexique devrait disposer pour passer un examen. »
Nathalie Janz, adjointe Enseignement
Mais pour que cela fonctionne, le personnel concerné, corps enseignant inclus, est sensibilisé aux enjeux. À cet effet, un site Internet recense les conseils de base et permet aussi de s’orienter vers les différentes aides proposées.
Sans abaisser les exigences
Le Centre de soutien à l’enseignement (CSE) fait quant à lui son possible pour aider le personnel enseignant à anticiper les besoins des étudiantes et étudiants concernés. Depuis trois ans et en collaboration avec le Bureau de l’égalité, il organise des ateliers destinés aux membres du corps enseignant. « À l’instar des architectes, qui englobent désormais d’emblée l’accessibilité des salles dans leurs réflexions, elles et ils apprennent à améliorer l’inclusivité des cours et examens en éliminant un maximum d’obstacles, sans que cela n’alourdisse leur charge de travail ni n’abaisse les exigences », résume Emmanuel Sylvestre, directeur du CSE.
Il peut s’agir de recourir à des technologies simples – telle cette fonction d’Office 365 qui permet de visualiser un document Powerpoint sur une tablette ou un smartphone en différentes langues – ou d’offrir plusieurs manières de présenter un travail. « Moins restrictifs qu’on le pense, les règlements laissent de la place à la créativité », rappelle-t-il. Des étudiantes et étudiants ont ainsi déjà pu remplacer une forme écrite par un rendu mêlant texte et image, « mais on pourrait aussi imaginer des formats audio ou audiovisuels ».
Pour aider les personnes à élargir leur manière d’enseigner, le CSE est en train d’élaborer une boîte à outils pédagogiques. Disponible dès septembre, elle est réalisée conjointement avec le projet français Atypie Friendly en vue de « contribuer à clarifier les éléments qui poseraient un problème aux personnes avec un trouble dys, un déficit d’attention ou un trouble du spectre de l’autisme », résume Emmanuel Sylvestre. – SUn
