La Faculté des lettres tisse des liens entre textes et images

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VU DES FACULTÉS

Marie Kondrat propose de s’intéresser à la notion culturelle et politique de «hors champ». Son poste est lié au Centre interdisciplinaire d’étude en littérature.

Fabrice Ducrest © UNIL

Fabrice Ducrest © UNIL

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Marie Kondrat propose de s’intéresser à la notion culturelle et politique de «hors champ». Son poste est lié au Centre interdisciplinaire d’étude en littérature.

Explorer la question du hors-champ

En Section de français depuis août 2023, Marie Kondrat démontre une prédilection pour le dépassement des frontières entre la littérature et les autres arts. «Je m’intéresse à l’activité des artistes du point de vue interne à la création, mais aussi à leurs conditions de travail et à leur visibilité médiatique et publique», esquisse-t-elle.

Le hors-champ habite le discours de Marie Kondrat comme un fil conducteur, à partir des conceptions filmiques et en intégrant cette notion à d’autres domaines artistiques, les images en général et le récit. «Je m’intéresse à l’activité des artistes du point de vue interne à la création, mais aussi à leurs conditions de travail et à leur visibilité médiatique et publique», esquisse la professeure. Elle vient de lancer un projet de recherche intitulé INVUES pour prolonger l’idée du hors-champ vers le champ politique et social, d’une manière qui déborde l’esthétique. C’est toute la question du regard qu’elle soulève : ce qu’on voit, ce qu’on ne voit pas, ce qu’on écrit, par quels moyens mais aussi avec quelle éthique ? La manière de dire ou ne pas dire les génocides fait partie selon elle du message que l’on véhicule.

La transmission est au cœur de ses préoccupations. Elle se réclame de Marie-José Mondzain, philosophe française née en 1942, qui, à partir notamment de la doctrine chrétienne de l’icône, pense l’image «en tant que relation et non simplement objet visuel». Voyant son activité universitaire comme un «travail de reconnaissance», elle vient de traduire de l’italien, avec une collègue de Paris, un livre inédit en français de la philosophe politique Adriana Cavarero, Malgré Platon. Dans le même esprit de filiation, elle aime rappeler l’activité de critique littéraire de Virginia Woolf, certes connue mais bien moins lue que ses grands livres.

Littérature et culture visuelle

«Le bagage des étudiants en Lettres est imprégné par la culture visuelle et leur manière de lire est marquée par cette proximité avec les écrans», constate-t-elle, soucieuse de miser sur cet aspect générationnel dont, à 35 ans, elle reste elle-même assez proche. Très littéraire, la notion de narration évolue au même rythme, changements qu’elle intègre au sein d’un nouveau programme de spécialisation de Master en littérature comparée, où elle enseigne, avec un accent porté sur l’interprétation des théories, au-delà de l’interprétation des œuvres elles-mêmes. «Dans mon travail pédagogique, je souhaite amener les étudiants à interroger les outils comparatifs d’une manière critique qui engage une forme d’inventivité», résume-t-elle.

Ce printemps, elle explore avec les étudiantes et étudiants de son séminaire la question du montage en littérature, suivant une approche interdisciplinaire. Elle s’adresse également à des auditeurs libres et organise des rencontres avec des personnalités du monde de la culture. Récemment, elle a invité la jeune monteuse vaudoise Myriam Rachmuth pour bousculer les limites entre les arts.

Le poste de Marie Kondrat à la Faculté des lettres est directement lié au Centre interdisciplinaire d’étude des littératures (CIEL). «J’apprécie ce cadre institutionnel très souple, propice aux initiatives et aux collaborations entre collègues de toute la faculté, voire au-delà», conclut la chercheuse. – NR