La professeure Laura Bernardi, spécialiste des parcours de vie et inégalités au Centre LIVES, ainsi que la chargée de recherche Juliette E. Torabian (senior postdoc) font partie de l’équipe suisse (UNIL) investie, aux côtés de l’Université de Zurich (Jacobs Center), dans cette vaste étude longitudinale et comparative baptisée LEARN (pour Longitudinal Educational Achievements : Reducing iNequalities) et coordonnée par l’Université d’Helsinki. Treize institutions académiques partenaires du projet dans neuf pays (Finlande, Allemagne, Italie, Roumanie, Estonie, Pays-Bas, Irlande, Suisse et Angleterre) fourniront leurs analyses longitudinales originales des parcours d’écoliers et de jeunes en formation (du préscolaire aux degrés postobligatoires).
Cela implique un gros travail d’harmonisation de données nationales afin de dégager une perspective globale et comparative sur l’impact, positif ou négatif, de divers systèmes éducatifs sur les inégalités liées à l’éducation et la formation. « Nous voulons offrir une base empirique solide et pertinente pour les spécialistes de l’éducation et les décideurs », souligne Laura Bernardi.
« Il s’agit de soutenir l’élaboration de politiques réduisant les inégalités, fondées sur des données probantes dans toute l’Europe »
Juliette E. Torabian
Le rôle de l’UNIL
L’institution vaudoise est responsable du travail effectué par un groupe transnational chargé d’établir une revue systématique des articles scientifiques sur les inégalités éducatives en Europe, selon plusieurs mots clés permettant de les trier, de les rassembler et de les organiser en fonction des différents degrés et filières préscolaire, primaire, secondaire et supérieur. L’UNIL dirige la revue des études sur le passage entre l’école secondaire et l’enseignement supérieur, transition très délicate s’agissant des inégalités. Juliette E. Torabian est également membre du comité de communication et de diffusion du consortium LEARN, qui décide de manière collective des formes et moyens de transfert des résultats de la recherche pour l’ensemble du consortium.
Parmi les contributions de l’UNIL-LIVES, trois appartiennent aux activités scientifiques principales de la chercheuse postdoc, supervisée par la professeure Bernardi. Premièrement, un rapport intitulé Ce qui compte comme preuve réunira des études de cas réalisées dans chaque pays. Ces différentes études doivent illustrer des politiques réductrices d’inégalités fondées sur des preuves, détailler les preuves utilisées, les contextes scolaires et nationaux et les impacts sur les inégalités. Ce rapport en ligne sera accessible à la fin de l’année 2025.
Former les décideurs européens
La deuxième activité, finalisée pour mai 2026, consiste en une formation à destination des politiques. Il s’agira ici de s’adresser aux spécialistes éducatifs et aux décideurs, afin de les aider à comprendre les causes des inégalités éducatives, à décoder les preuves scientifiques utilisées dans différents contextes politiques, à prendre connaissance des mécanismes ayant prouvé leur efficacité en matière de réduction des inégalités, mais aussi de cas où, en dépit des bases scientifiques utilisées, les résultats escomptés ne sont pas arrivés. La chercheuse senior résume ainsi l’objectif de ce cours : « Il s’agit de doter les décideurs européens des compétences et des connaissances nécessaires pour utiliser efficacement les données probantes dans la conception de politiques éducatives qui s’attaquent aux inégalités. »
La troisième contribution vise à rédiger des notes de politique générale (policy briefs) fondées sur des publications scientifiques explorant les inégalités en matière d’éducation. Selon Juliette E. Torabian, « ces documents traduisent les résultats de la recherche scientifique pour les décideurs dans un langage convivial afin de renforcer le lien entre les mondes scientifique et politique, et de recommander des politiques basées sur des preuves scientifiques ». Dirigées par l’UNIL-LIVES, ces notes sont publiées en ligne, de façon continue, par le Jacobs Center de l’Université de Zurich. – NR
