Une histoire racontée dans un film de Stéphane Goël
Alors étudiant, l’archéologue suisse Denis Knoepfler (aujourd’hui professeur honoraire à l’Université de Neuchâtel et au Collège de France) découvre à la lecture de sources antiques que sur l’île grecque d’Eubée se trouvait, près de la ville d’Érétrie, un site religieux consacré à la déesse de la chasse Artémis. C’est ainsi que commencent, en 1966, la quête de ce sanctuaire situé dans le village côtier d’Amarynthos (à une dizaine de kilomètres d’Érétrie), et l’ouverture d’un chantier de fouilles qui, sur plusieurs décennies, a mis au jour les restes des murs de nombreux bâtiments ainsi que des centaines d’objets.
Produit par Stéphane Goël (Climage à Lausanne), un documentaire de Sébastien Reichenbach intitulé Artémis, le temple perdu, retrace cette histoire et présente la saison de fouilles menées en été 2022 par des dizaines d’archéologues, d’ouvriers, d’étudiantes et d’étudiants d’universités suisses et étrangères (chantier-école), sous la direction de l’École suisse d’archéologie en Grèce (ESAG), dont le siège est à l’Université de Lausanne. L’ESAG pilote les recherches sur l’île d’Eubée, et ailleurs dans le pays, en partenariat avec les autorités grecques.
Le pionnier suisse et la relève
«Il est rare qu’un projet archéologique soit mis en valeur par un film», note le directeur de l’ESAG et professeur à l’UNIL Sylvian Fachard, qui apprécie cette occasion de présenter à un large public un travail quotidien «qui s’étend au-delà des fouilles proprement dites». Il s’est réjoui de voir ainsi mises en lumière la relève du métier et la transmission des connaissances à travers plusieurs générations de scientifiques. À cet égard, le professeur Knoepfler se livre avec sincérité et visite l’immense chantier d’Amarynthos en compagnie de la jeune chercheuse de l’ESAG Tamara Saggini.
Le passé retrouvé et illustré
Sans oublier une vision moderne de l’archéologie qui fait côtoyer les drones, les tablettes, les microscopes et les outils de chantier, et une reconstitution (illustrateurs Olivier Bruderer et Joe Rohrer) du sanctuaire baigné par la mer au IVe siècle avant J.-C. pour concrétiser en image «l’état actuel de la recherche sur le site», selon le directeur de l’ESAG ; une seconde illustration figure l’intérieur du sanctuaire avec le temple au centre (plusieurs socles de statues ont pu être retrouvés).
Le réalisateur Sébastien Reinchenbach connaissait déjà le terrain, étant l’auteur en 2020 de capsules vidéo pour l’ESAG dans le cadre d’un projet de médiation culturelle soutenu par le FNS. Avec le soutien des chaînes de télévision RTS et Arte, qui ont diffusé le film à l’automne 2023, ainsi que divers partenaires comme la Fondation pour l’Université de Lausanne, Cinéforum, la Loterie romande ou encore la Fondation Famille Sandoz, le documentaire a pu prendre son envol entre «dramaturgie cinématographique» et informations scientifiques et pédagogiques, un dosage nécessaire, selon le producteur, pour permettre à tous les spectateurs d’entrer intelligemment et en douceur dans le monde de la Grèce antique. – NR