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Lettre d'information de la Faculté de théologie et de sciences des religions | n°21 - Août 2020
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ÉDITORIAL

Le Covid, l’histoire des religions et la FTSR

L’année académique qui vient de s’écouler nous a soumis à rude épreuve tant individuellement que collectivement. L’irruption d’une pandémie, phénomène que les dernières générations n’avaient pas connu, nous a fait prendre conscience de nos limites et nous a forcés à repenser nos priorités. Afin de préserver la santé publique, il a fallu renoncer à nous réunir pour étudier, pour échanger autour des résultats de nos recherches. Nous avons dû reporter des journées d’études, des colloques, des enquêtes de terrain, des fouilles archéologiques, des déplacements vers des fonds d’archives ou des bibliothèques. Nous avons brutalement été arrêté·e·s dans nos élans académiques qui sont souvent aussi nos passions intimes, afin de prendre soin d’enfants qui n’allaient plus à l’école ou de personnes vulnérables. Ce qui jusque-là nous apparaissait comme le sens premier de nos existences, s’est trouvé brutalement subordonné à une urgence supérieure.
Avec une incroyable résilience, l’ensemble des membres de ce corps que constitue la FTSR s’est adapté à la nouvelle situation, faisant preuve d’une souplesse et d’une énergie, dont personne ne nous savait capables avant le 17 mars. Avec l’aide des services centraux de l’Université, nous avons basculé dans le monde virtuel, devenant expert·e·s (même les plus réticents d’entre nous parmi lesquels l’auteur de ces lignes) dans le maniement des outils de communication électronique aux noms étranges comme webex, zoom, ou teams. L’ensemble des collaborateurs/trices de la Faculté, le corps enseignant, le personnel administratif et technique, les chercheuses et chercheurs et les étudiant·e·s se sont retrouvé·e·s dans ce monde nouveau, où ce qui paraissait le plus naturel la veille était devenu brutalement inaccessible.
Qu’est-ce que les historien·ne·s et historien·ne·s des religions auront à nous dire de cette expérience que nous n’avons pas fini de traverser ? La science historique est partagée entre deux approches opposées et sans doute complémentaires. Pour les un·e·s, l’histoire a pour vocation de relier les expériences du présent à des événements antérieurs. L’historien·ne est celui/celle à qui on ne la fait pas, qui trouve toujours des occurrences antérieures aux phénomènes contemporains. La tâche de l’historien·e consiste d’abord à relativiser ce que nous vivons, à nous rappeler que d’autres avant nous sont passés par là. Dans cette perspective, il s’agira de rappeler que le monde a été traversé par d’innombrables pandémies, que la peste noire a décimé la population européenne au quatorzième siècle, et que les mesures de confinement ont ponctué l’histoire jusqu’à l’époque moderne. On appelle cela contextualiser, et la tâche de l’historien·ne consiste en grande partie à s’adonner à cet exercice.
Cependant, l’historien·ne, s’il/elle ne cherche qu’à contextualiser, est-il/elle à même de saisir la nouveauté radicale d’une situation ?
Une autre approche tente de rechercher dans le passé la distance qui nous en sépare, précisément pour saisir et pointer la dimension

Ehrenfreund
Jacques Ehrenfreund, Doyen de la FTSR
Prof. d'Histoire des Juifs et du judaïsme
inédite d’une expérience, c’est-à-dire ce qui la distingue radicalement de tout ce qui l’a précédé. Ainsi l’irruption de la croyance en un Dieu unique a fait entrer le monde dans un nouveau régime de vérité si bien décrit par Jan Assmann, et la Révolution française se situe à l’aube d’un monde régi par l’idée nouvelle de la souveraineté des peuples se substituant à celle des rois. Le monde a été transformé profondément par ces irruptions, que rien ou presque, ne laissait entrevoir.
C’est à travers la conjonction de ces deux approches que nous pouvons saisir ce que nous sommes en train de vivre. En effet, si les pandémies sont une constante de l’histoire humaine, aucune ne s’était encore déroulée dans le monde globalisé qui est le nôtre. Si des occurrences antérieures de confinement se sont produites jusqu’au dix-neuvième siècle, jamais les économies mondiales n’avaient été mises à l’arrêt pour lutter contre un virus. Comprendre ce qui nous arrive suppose de se pencher tout à la fois sur les deux dimensions de l’événement, celle qui est connue, celle qui est inédite. Il est difficile à ce stade de trancher pour l’une ou l’autre des interprétations. Sommes-nous entré·e·s dans un monde nouveau, largement virtuel ? Retrouverons-nous bientôt le monde d’avant ? Il est trop tôt pour le dire.
Pour ce qui est de la FTSR, l’ensemble de ses missions ont pu être assurées presque comme si de rien n’était. Les cours, les séminaires ont été tenus à distance, les sessions d’examen ont eu lieu presque normalement, les institutions de la Faculté (le conseil de Faculté, le Décanat, les Instituts…) ont maintenu leur fonctionnement en faisant montre d’une détermination exemplaire. Je voudrais rendre hommage à toutes celles et ceux qui ont rendu cela possible : le personnel administratif et technique, les services centraux de l’Université, les enseignant·e·s, les chercheuses et les chercheurs.
Je sais que pour les étudiant·e·s, cela ne s’est pas déroulé sans difficultés ; j’espère que nous avons pu et que nous pourrons les accompagner dans ce qui est sans aucun doute une épreuve.
Je nous souhaite à toutes et tous une bonne année académique, dans ce monde nouveau-ancien.

Jacques Ehrenfreund

CÉRÉMONIE D'OUVERTURE DES COURS 2020

Eggert_Nadja

« Entre autonomie et vulnérabilité: vers une éthique du soin »

Dr. Nadja Eggert

Maître d'enseignement et de recherche
en éthique


Jeudi 17 septembre 2020 à 17h15

Présence sur inscription uniquement.
Diffusion en direct via ce lien

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Congé scientifique - compte rendu

David Hamidovic - Des manuscrits de la mer Morte au Deep Learning en passant par le coronavirus
Après trois années comme Doyen de la Faculté, le congé scientifique a été l’occasion de reprendre pied dans la recherche à l’échelle internationale. Mon année devait s’articuler en deux temps : la rédaction d’articles et de livres, et la découverte d’autres approches méthodologiques appliquées à l’histoire du judaïsme ancien. L’ordonnancement de ce dernier temps consacré à des colloques, des conférences et des enseignements à l’étranger a été bouleversé par le confinement suite à la crise du Covid-19 à partir de mars 2020. Avant celle-ci, j’ai pu me rendre à Berlin, à San Diego (USA), à Mexico, à Lugano et à Paris pour y donner une conférence ou un enseignement.

Toutefois, la crise sanitaire m’a permis de rédiger un livre qui n’était pas au programme du congé scientifique. Suite la demande d’un collègue de l’Université hébraïque de Jérusalem pour donner un enseignement à distance, j’ai proposé de rédiger l’ebook du cours comme support. Celui-ci a pris une telle ampleur qu’il apparaissait pertinent d’envisager aussi une publication papier. Ainsi est née la monographie Les racines bibliques de l’imaginaire des pandémies : des plaies d’Égypte aux coronavirus publiée aux éditions Bayard en septembre 2020. Mon idée est de montrer que les crises sanitaires perçues dans l’Antiquité peuvent nous donner quelques pistes de compréhension des pandémies contemporaines. Chaque civilisation entretient son propre rapport à la mort, son propre imaginaire issu d’un long processus culturel. Le Moyen Âge occidental a fourni la matrice à la perception européenne des crises sanitaires à cause de différentes épidémies dévastatrices,
Pericles
Périclès meurt en 429 av. J.-C. de la « peste athénienne », probablement le typhus. 2500 ans après, il est encore désinfecté à Athènes.
Photographie: Stravros Papantoniou, Facebook, 4.4.20, en pleine pandémie du Covid-19.
    notamment les pestes. Mais cette perception n’est pas née en Europe au Moyen Âge. Elle repose en grande partie sur un héritage venu du Proche-Orient ancien, notamment de la culture biblique et du christianisme primitif. Connaître la nature de cet héritage nous permet de comprendre notre imaginaire de la crise sanitaire, et c’est aussi une manière d’agir sur celle-ci.

    Outre la publication de quelques articles scientifiques, j’ai eu le plaisir d’obtenir en octobre 2019 le financement d’un projet au Fonds national suisse sur les mains de scribes dans les manuscrits de Qumrân (http://p3.snf.ch/project-189215) jusqu’en 2023. À partir d’une base de données d’images multi-spectrales de lettres de quelques manuscrits déjà réalisée, le projet vise à écrire ou réécrire un algorithme intégrant les avancées du Deep Learning. Il mobilise donc des chercheurs en informatique de l'UNIL en dialogue avec des spécialistes des textes de Qumrân dans une perspective de collaboration interdisciplinaire. En ce sens, le projet vise à réemployer et développer des applications de Deep Learning. En plus du renouvellement de la compréhension des manuscrits de Qumrân, le projet contribue ainsi à la prise en compte de l’intelligence artificielle dans les sciences humaines. Cette recherche constitue une partie d’un livre à venir dont j’ai pu rédiger quelques parties lors du congé scientifique.
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    Photographies du procédé de fabrication des images multi-spectrales avec trois différentes colorimétries d’une même planche de manuscrit de Qumrân
    © The Leon Levy Dead Sea Scrolls Digital Library, photographie de Shai Halevi.

    Diplômées et diplômés 2019-2020

    Baccalauréats universitaires en
    sciences des religions

    CLÉMENT Thaïs
    FLURI Mireille
    LEHNER Darsy
    MICHELET Sylvia
    TOUILLET Emilie
    VUISSOZ Léonore
    ZBINDEN Stefany

    Baccalauréat universitaire en
    théologie

    WITSCHI Caroline
    Maîtrises universitaires en
    sciences des religions

    BINER Camille
    CORMINBOEUF Matila
    DUNAND Marie
    EGGENSCHWILER Angélique
    FARRA Lays
    OKOEKPEN Salomé
    SALZMANN Juliette
    SCHERTENLIEB Dimitri

    Maîtrise universitaire en
    théologie

    MÉRILLAT Matthieu

    Thèses soutenues

    Bossi
    Blouin
    Dr. Luca Bossi - thèse de doctorat en cotutelle internationale (Université de Turin et Université de Lausanne) soutenue le 12 septembre 2019 :
    Minorités, lieux de culte et droit à la ville : analyse d'un champ religieux urbain. Stratégies communautaires d'insertion et politiques de gestion locale de la diversité religieuse à Turin.
    Directrices : Prof. Roberta Ricucci, Université de Turin et Prof. Irene Becci, FTSR-ISSR.
    Membres du Jury : Rosita Fibbi (UNINE), Prof. Roberto Mazzola (Université d'Alessandra), Prof. Oscar Mazzoleni (UNIL), Prof. Vincenzo Pace (Université de Padoue).
    Dr. Samuel Blouin - thèse de doctorat en cotutelle internationale (Université de Montréal et Université de Lausanne) soutenue le 15 mai 2020 :
    Administrer les demandes de mort : comparaison de l’aide médicale à mourir (Québec) et de l’assistance au suicide (Canton de Vaud).
    Directrices : Prof. Valérie Amiraux, Université de Montréal et Prof. Irene Becci, FTSR-ISSR. Co-directrice : Prof. Mona Gupta, Université de Montréal. Membre du Jury : Prof. Ilario Rossi, UNIL.

    Collaborateurs sortants

    Fontanellaz (1)
    Frey
    TRomer
    Blaise Fontanellaz, conseiller aux études pour la filière théologie, a terminé son contrat le 30 juin 2020.
    Albert Frey, collaborateur scientifique et chargé de cours à l'IRSB, a pris sa retraite le 31 juillet 2020.
    Thomas Römer, professeur en Bible hébraïque, a pris sa retraite le 31 juillet 2020. Depuis le 1er août 2020, il est Prof. honoraire à la FTSR.

    Nouvelles collaboratrices

    Joos_Orelia
    Buttet_Nicole
    silva
    Orélia Joos est conseillère aux études pour la filière en théologie depuis le 1er août 2020.
    Nicole Buttet est apprentie au Décanat de la FTSR depuis le 15 août 2020.
    Céline Silva, ancienne apprentie de la FTSR, est secrétaire du Centre interdisciplinaire de recherche en éthique (CIRE) depuis le 1er septembre 2020.

    Agenda 2020-2021

    23 septembre 2020, 9:00-16:30 - Journée de l'IRSB : "Comment détecter un ou plusieurs éditeurs dans un texte? Le cas du livre des jubilés", UNIL, Anthropole. Org. : David Hamidovic. Plus d'information

    28 septembre 2020, 16:15-18:30 - "Islam et national-libéralisme", conférence de Jean-François Bayart, UNIL. Org. : CIHSR, ISSR. Plus d'information

    1er octobre 2020 - Journée doctorale de théologie pratique, Université de Fribourg.
    Org. : UNIFR. Plus d'information

    14 octobre 2020, 17:15 - Rencontres autour de l'histoire du judaïsme : "Les quatre femmes d'Ulysse dans l'Odyssée (Circé, Calypso, Nausicaa et Pénélope) et les quatre épouses du Roi David (Michal, Abigaïl, Bethsabée et Abishag). UNIL, Anthropole. Org. : FEJUNIL.
    Plus d'information

    17 novembre 2020 - Journée doctorale de théologie pratique, Centre oecuménique de la Bourdonnette, Lausanne. Org. : ILTP.
    Plus d'information

    24 novembre 2020, 16h15-18:00 - "Tracing Tarantism – An enthnographic study of Apullan ritual between art performance and cultural heritage", conférence de Mikhaela Schäuble, UNIL, Anthropole 5033. Org. : ISSR.
    Plus d'information

    Novembre 2020 - "Anthropologie, art et ethnographie au Mexique", séminaire intensif d'anthropologie mexicaine donné par la prof. Olivia Kindl (COLSAN). UNIL, Anthropole.
    Org. : Silvia Mancini. Plus d'information

    15 décembre 2020, 16:15-18:00 - "Les rouages du hugging spirituel", conférence de Michael Houseman, UNIL, Anthropole 5033. Org. : LACS. Plus d'information
    18-19 février 2021 - Journées doctorales de théologie pratique, Crêt-Bérard. Org. : ILTP, UNIGE, UNIFR, CUSO. Plus d'information

    Mars 2021 - Séminaire et exposition autour des travaux d'Armelle Giglio-Jacquemot : "Approches multidisciplinaires et audio-visuelles des inégalités d'accès à l'eau: le cas du Brésil", UNIL. Org.: IHAR et Institut de géographie et durabilité (FGSE).
    Plus d'information

    23 avril 2021, 9:30-17:00 - Journée CUSO : "La maison romaine comme lieu social et imaginaire des Églises pauliniennes (de 50 à 120 ap. J.-C.)", UNIGE. Org. : Luc Bulundwe, Simon Butticaz, Andreas Dettwiler.

    Mai 2020 - Colloque international : "L’École Romaine d'histoire des religions : héritages et défis contemporains", UNIL. Org.: Silvia Mancini (IHAR) et Nicola Gasbarro (Université de Udine). Plus d'information

    3-5 juin 2021 - Colloque RRENAB : "Identité et narrativité dans les littératures juives et chrétiennes anciennes", UNIGE.
    Org. : Frédéric Amsler, Anne-Catherine Baudoin, Simon Butticaz, Andreas Dettwiler, Jean-Daniel Macchi.

    28-30 juin 2021 - Congrès du GIS Moyen-Orient et Mondes Musulmans : "Fiqh et droit communautaire dans le monde musulman médiéval et moderne", Paris. Org. : Wissam Halawi (IHAR) et Elise Voguet (IRHT-CNRS). Plus d'information

    30 juin - 2 juillet 2021 - Colloque international : "La conversion des corps ; entre évangélisation et colonisation. Approches visuelles", UNIL et Casino de Montbenon.
    Org. : Nicolas Bancel, Daniel Denis, Alain Kaufmann, Anne Marcellini, Francis Mobio, Raphaël Rousseleau. Plus d'information

    Ouvrages publiés récemment

    Esprit du vin, esprit divin, Olivier Bauer (éd.), Labor et Fides, 2020
    Après avoir lu ce livre, vous ne boirez plus votre vin comme avant. Au-delà de la terre et de la vigne, de la cave et de la bouteille, il vous aura fait découvrir au fond de votre verre des mondes dont vous ne soupçonniez peut-être pas même l’existence.
    Assemblage de huit auteurs, avec huit perspectives et huit approches, il dévoile un peu des mystères du vin. Une moitié de réflexions porte sur la valeur du vin, de la vigne et des vignerons au sein du judéo-christianisme, sur l’ivresse de Noé, sur les paraboles viti/vinicoles de Jésus, sur leur relecture par les premiers théologiens, sur l’eucharistie et la cène. Mais il fallait l’équilibrer. Et c’est fait grâce à la mythologie grecque avec ce goût particulier d’un vin créateur plutôt que créé et deux cépages venus de nouveaux mondes, ceux d’un vin sans alcool islamo-compatible et d’une spiritualité biodynamique, liée à la nature et à ses rythmes. À consommer sans modération.

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    esprit_vin
    Virages, Denis Müller, Editions Olivétan, 2020
    VIRAGES
    En pleine crise mondiale du coronavirus, ce petit livre tente de réunir deux trajectoires que la pandémie semble vouloir séparer à tout prix : les souvenirs du monde d’avant, et le drame que représente le confinement.
    L’auteur, Denis Müller, laisse remonter à la surface de sa mémoire écorchée les beaux jours, les voyages, la vie de famille, l’amour, le travail, tout ce qui lui a procuré du bonheur et de la passion. L’arrivée foudroyante du COVID-19 a pour ainsi dire arrêté le cours du monde et de la vie. La maladie, les infections et les décès sont sources d’inquiétude et de chagrin. Apparemment, rien ne sera plus jamais comme avant. Le confinement, vécu de manière très différente sur la planète, est ressenti comme une sorte d’exil. Les êtres humains semblent dépouillés de leur liberté et privés de toute joie de vivre. Un vent de catastrophe, voire d’apocalypse, souffle partout.
    Nous entrons dans une ère de déconfinement progressif, qui fait naître un nouvel espoir, mais pose de nombreuses questions pratiques et psychologiques. C’est l’occasion, pour les chrétiens et pour l’ensemble de l’humanité, de s’interroger sur le monde nouveau, sur le changement personnel et collectif requis par cette expérience crucifiante. Aux souvenirs doit se joindre le temps de la réflexion et de la méditation. Une nouvelle éthique se dessine, une spiritualité mieux incarnée se profile.

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    Religion, mythe et politique en Islande médiévale, Nicolas Meylan, Presses Universitaires de Liège, 2020.
    La religion des Vikings fascine depuis longtemps. Toutefois, si l’on connaît les aventures de Thor ou d’Odin, les conditions dans lesquelles leurs mythes furent transmis n’ont pas fait l’objet d’un même type d’attention. Or, un constat s’impose : dans leur très grande majorité, les sources qui nous renseignent sur cette religion sont le fait d’auteurs chrétiens, qui les mirent par écrit des siècles après la conversion dans des contextes sociopolitiques précis. C’est dire que ces textes — mythes, sagas, poèmes, lois — posent problème pour la reconstruction de l’histoire de la religion de la Scandinavie préchrétienne. Adoptant un point de vue critique, ce volume problématise l’ancrage chrétien, et donc tardif, des sources et propose une analyse articulant les représentations religieuses « païennes » d’avant la conversion au contexte de leur production. Il s’agit ainsi de se demander comment et pourquoi des Islandais médiévaux mobilisèrent les esprits de la terre, le sacrifice humain, la magie, le destin, ainsi que Thor ou sa mère la Terre.
    Fondé sur une étude détaillée de sources provenant de l’Islande des xiie et xiiie siècles, attentive aux désaccords entre celles-ci, ce volume propose également une réflexion sur les méthodes, les objets et les visées d’une histoire des religions critique. Prenant le contrepied de travaux synthétiques sur la religion préchrétienne, il accorde une place centrale aux conflits qui traversent les sociétés scandinaves et montre comment les discours
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    religieux, « païens » aussi bien que chrétiens, sont instrumentalisés pour maintenir ou, au contraire, bouleverser les configurations sociopolitiques, à une époque où la royauté norvégienne opère violemment sa centralisation et manifeste ses visées impérialistes sur une Islande secouée elle aussi par les ambitions de ses chefs.

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    A Guide to Early Jewish Texts and Traditions in Christian Transmission, Kulik A., Boccaccini G., DiTommaso L., Hamidovic D., Stone M. (dir.), Oxford University Press, 2020.
    early jewish texts
    The Jewish culture of the Hellenistic and early Roman periods established a basis for all monotheistic religions, but its main sources have been preserved to a great degree through Christian transmission. This Guide is devoted to problems of preservation, reception, and transformation of Jewish texts and traditions of the Second Temple period in the many Christian milieus from the ancient world to the late medieval era. It approaches this corpus not as an artificial collection of reconstructed texts—a body of hypothetical originals—but rather from the perspective of the preserved materials, examined in their religious, social, and political contexts. It also considers the other, non-Christian, channels of the survival of early Jewish materials, including Rabbinic, Gnostic, Manichaean, and Islamic. This unique project brings together scholars from many different fields in order to map the trajectories of early Jewish texts and traditions among diverse later cultures. It also provides a comprehensive and comparative introduction to this new field of study while bridging the gap between scholars of early Judaism and of medieval Christianity.
    500 ans de Suisse romande protestante (1526-2019), Olivier Bauer, Alphil Presses universitaires suisses, 2020
    D’où vient la frontière entre Jura sud et Jura nord? Pourquoi le train Yverdon-Sainte-Croix ne circulait-il pas le dimanche? Depuis quand le Conseil œcuménique des Églises est-il installé à Genève? Qu’est-ce qui lie les Dames de Morges à la communauté de Grandchamp? Pourquoi peut-on faire ses courses à Bulle le lundi du Jeûne? D’où venait le bois utilisé pour construire la chapelle des Mayens de Sion? Pourquoi Henri Druey, James Fazy et Alexis-Marie Piaget ont-ils nationalisé les Églises réformées?
    Cet ouvrage répond à ces questions, à d’autres que vous vous posez, à celles que vous n’osez pas imaginer. Il vous mène du premier culte célébré en 1526 par Farel jusqu’au synode de l’Église réformée évangélique de Suisse en 2020. Il vous conduit d’Aigle à Porrentruy, à Saxon, à Morat, aux Ponts-de-Martel, à Corgémont ou à Genève. Il offre une vision panoramique et détaillée de chacun des six siècles de l’histoire protestante dans les sept cantons suisses francophones ou bilingues. Il met en lumière six fortes personnalités — trois hommes et trois femmes —, six beaux gestes, mais aussi six grandes hontes du protestantisme romand.

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    500ans
    Imaginaires queers. Transgressions religieuses et culturelles des corps à travers l’espace et le temps. Irene Becci et Francesca Prescendi (éd.), BSNPress 2020.
    Le corpus lucanien (Luc-Actes) et l'historiographie ancienne. Quels rapports ?, Simon Butticaz, Luc Devillers, James M. Morgan, Steve Walton (éd.), LitVerlag, 2019.
    corpus lucanien
    Dans la recherche biblique, les consensus sont rares. Formulée par Dibelius au début du xxe siècle, la thèse qui fait de Luc « le premier historien chrétien » en est un. Dans le Nouveau Testament en effet, l’auteur à Théophile est le seul à retracer le devenir de l’Eglise au lendemain de Pâques, composant une œuvre en deux tomes : « Luc-Actes » (B.W. Bacon ; H.J. Cadbury). Si ce geste est original, il n’échappe toutefois pas aux influences et dépendances face aux pratiques anciennes d’écriture. C’est à explorer ces liens que se consacre le présent volume, fruit d’un colloque organisé en 2017 à Fribourg. Entre reprises et développements des modèles et pratiques littéraires de l’Antiquité, l’écriture de Luc, l’historien, est ainsi profilée.

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    L’Interminabile fine del mondo, Saggio storico sull’apocalittica nel giudaismo e nel cristianesimo antichi, David Hamidovic, Queriniana, 2019.
    Dai frammenti maya alle Centurie di Nostradamus, dalle profezie dell’Antichità alle predizioni New Age, la fine del mondo ossessiona le coscienze, abita la letteratura e pretende di anticipare la storia. Sono però il giudaismo e il cristianesimo la matrice dell’apocalittica. Ed è da lì che l’apocalisse riceve tutto il suo significato.
    Ecco allora che David Hamidovi ci guida fra bestiari, esseri celesti, creature soprannaturali. Ci illustra giudizi universali, inferi spaventosi e paradisi sognati. Ci accompagna a interpretare gli universi futuri delineati dal libro di Daniele e da quello di Enoc, dai Giubilei e dall’Apocalisse di Giovanni. Ci mostra quanto le visioni sulla fine dei tempi dipendano ogni volta dal tempo in cui furono scritte.
    Rinnovando questo campo di ricerca – l’apocalittica –, lo storico francese esplora i diversi modi in cui muta la rappresentazione del divino, in cui viene rielaborata la sapienza tradizionale, in cui l’escatologia si produce in forme singolari. E illustra da quali ambienti sorgono questi fenomeni culturali e religiosi, in epoche di rivolgimenti.
    Questo studio, svelandoci come l’esaltazione dell’onnipotenza costituisca un antidoto per i tempi di crisi, mette in luce la parte di Dio e quella degli uomini. In una lezione che vale per ieri e, a maggior ragione, vale per oggi.
    Interminabile fine del mondo
    Le Nouveau Testament sans tabous, Simon Butticaz, Labor et Fides, 2019.
    NT2
    Le monothéisme est-il intolérant ? Paul était-il misogyne ? La foi et l’homosexualité sont-elles incompatibles ? Dieu tente-t-il ? Le tombeau de Jésus était-il vide ? Pourquoi le Nouveau Testament ne condamne-t-il pas l’esclavage ?
    Autant de questions que chacun, croyant ou non, se pose fréquemment, mais que l’on enjambe dès que l’on tombe nez à nez avec ces thèmes dans les pages du Nouveau Testament. Autant de questions et d’autres encore que ce livre se propose de saisir à bras-le-corps, dans un dialogue entre exégèse critique et interprétation pour aujourd’hui. Sans tabous.

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    Du souffle au corps. Apprentissage du yoga en France, en Suisse et en Inde, Caroline Nizard, L'Harmattan, 2019.
    Ce livre plonge au coeur des pratiques du yoga moderne, à travers une analyse ethnographique fine menée en France et en Suisse romande et complétée par des coups de projecteurs sur des terrains indiens.
    Alors que le yoga connaît un engouement planétaire, la question du corps reste aujourd’hui peu explorée parmi les ouvrages scientifiques. L’auteure s’appuie sur un principe fondateur : le sujet a un corps et est un corps et propose une méthode intégrée d’étude du corps, c’est-à-dire inscrivant les discours sur les ressentis sensibles, dans ses dimensions sociales, culturelles et biologiques. À l’issue de l’analyse des discours et de descriptions attentives des pratiques, l’auteure montre comment, grâce à l’apprentissage du yoga, les pratiquants changent leur rapport à leur corps et leur vision du monde.
    En suivant les itinéraires de pratiquants, l’ouvrage offre une perspective d’ensemble et interroge aussi d’autres comportements
    en termes de santé, de sport, de religion, d’alimentation et d’environnement. Enfin, parce que l’auteure complète ponctuellement l’approche anthropologique par des références et des emprunts pluridisciplinaires, ce livre est vraiment novateur.

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    souffle_corps
    Le Coran des historiens. Etudes sur le contexte et la genèse du Coran, Amir-Moezzi M-A. et Dye G. (dir.), Editions du Cerf, 2019.
    coran
    Première mondiale, ce monument savant et accessible, qui réunit trente spécialistes internationaux, offre, en trois mille pages, une synthèse complète et critique des travaux passés et des recherches présentes sur les origines du Coran, sa formation et son apparition, sa composition et sa canonisation : vingt études exhaustives sur le contexte introduisent ici à l’analyse circonstanciée du texte, les éléments archéologiques et épigraphiques, les environnements géographiques et linguistiques, les faits ethnologiques et politiques, les parallèles religieux éclairant, verset après verset, en un commentaire total les cent quatorze sourates du livre fondateur de l’islam.

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    Sortir le religieux de sa boîte noire, Pierre Gisel, Labor et Fides, 2019.
    La question religieuse occupe beaucoup l’espace de la discussion civile et politique. Mais c’est le plus souvent pour décliner les formes, réussies ou en échec, de l’intégration sociale. Ou pour en appeler à des programmes de déradicalisation. On y recourt aux sciences sociales, ou psychologiques, mais en se gardant d’entrer sur le terrain du religieux et des croyances. Or c’est là un appauvrissement et un aveuglement, du coup une voie sans issue. C’est que le religieux est porté par des pulsions humaines dont le déni se paie. Que ce soit dans ses visées, refoulées, ou dans certaines de ses inflexions, dangereuses. Le présent essai entend ouvrir la « boîte noire » du religieux pour faire voir ce qui y est en travail et comment. Il est notamment attentif à en circonscrire la forme de
    « religion totale », dont il suit les avatars, tout en en montrant des correctifs possibles sur le terrain même des croyances. En forme de sagesse, de spiritualité, de réflexion sur la condition humaine. Et à l’encontre d’un messianisme unilatéral, articulé à une vérité de Dieu seul.


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    SotirReligieux_Gisel_191007
    "Retribution" in Jewish and Christian Writings. A Concept in Debate, David Hamidović, Apolline Thromas et Matteo Silvestrini (eds.), Mohr Siebeck, 2019.
    Retribution
    The authors of this volume attempt to define the concept of retribution by looking beyond its diversity in Jewish and Christian writings, and seeking the common objects and components that govern it in Ancient Judaism and Early Christianity, as well as Greek, Islamic and Buddhist texts. They argue that the concept should not be seen as a set of ideas acquired and accepted, but rather as an on-going process. The epistemological current of the Begriffsgeschichte understands conceptualization as a continual process of contesting and questioning, rather than something fixed or final. Each study therefore explicitly examines the actors involved, their environments and receptions, and whether they were accepted, rejected, or modified as components of compensation. The associations made with concepts of wealth, poverty, power, their exchange, transfer, and instance are also taken into consideration.

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    Qu'est-ce que la religion ?, Nicolas Meylan, Labor et Fides, 2019.
    Qu’est-ce que la religion ? présente onze définitions de la religion formulées par autant d’anthropologues, sociologues et historiens des religions, du xixe siècle à nos jours. Que ce soit l’animisme d’Edward Burnett Tylor, l’idée d’une opposition entre sacré et profane d'Emile Durkheim ou la conception politico-religieuse de Bruce Lincoln, on découvre un passionnant parcours historique et critique sur la notion de religion.
    Ces onze définitions originales sont à chaque fois précédées d’une introduction générale présentant les enjeux théoriques et pratiques qu’implique l’acte de définir, ainsi que de brèves notices situant l’auteur et son œuvre. Dans ces temps troublés, où la religion est sans cesse invoquée – sans que l’on sache réellement de quoi il en retourne –, ce livre de vulgarisation de l’historien des religions Nicolas Meylan se révèle aussi précieux qu’indispensable.

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    meylan
    Nouvelles Questions Féministes Vol. 38, No 1, « Féminismes religieux - Spiritualités féministes », Helene Fueger, Amel Mahfoudh, Irene Becci et Catherine Fussinger, Antipodes, 2019
    NQF
    Peut-on avoir un engagement féministe tout en revendiquant un ancrage au sein d’un courant religieux? En s’intéressant aux initiatives féministes qui se développent à l’intérieur du christianisme, du judaïsme, de l’islam et de nouveaux mouvements religieux, ce numéro donne des repères pour penser ce double engagement. Face aux fondamentalismes, il importe d’éviter que ces femmes soient doublement marginalisées – au sein du féminisme comme dans leur tradition religieuse – mais aussi de prendre la pleine mesure de leurs marges de manœuvre dans les espaces religieux qu’elles investissent et transforment.