Alexandre Waldmeyer est parti en séjour de mobilité à l’Université Humboldt de Berlin en 2019-2020. Il témoigne avec enthousiasme de son expérience.
D’où vient cette idée de partir en mobilité durant vos études de médecine ?
La mobilité est assez connue à l’École de médecine. C’est clairement une idée qui circulait en 1re – 2e année. Mais personnellement, je n’étais pas encore à l’UNIL quand j’en ai entendu parler par un ami, qui est maintenant médecin. Il m’a parlé d’étudier la médecine ailleurs en Europe via l’UNIL. Avec des opportunités incroyables, la possibilité de découvrir des villes comme Berlin où je suis allé, Manchester, Grenade, … plein d’endroits différents en Europe !
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à partir ?
Pas mal de raisons ! La première, c’est l’opportunité qui s’ouvrait à moi ; profiter d’une expérience nouvelle avec la possibilité de me découvrir, hors du monde protégé de ma famille et de mon cercle d’amis. Il y a aussi le côté social de cette expérience : on est forcé de s’ouvrir aux autres, d’interagir pour ne pas se retrouver seul.
Pour l’aspect professionnel, cela permet de découvrir une autre vision de la médecine que celle de Lausanne. Les techniques sont un peu différentes, la formation aussi. Chaque école a ses spécificités et la mobilité permet de prendre conscience qu’il existe d’autres perspectives, d’autres façons de penser. La dernière raison, c’est la chance de pouvoir apprendre une langue, ce n’est pas négligeable.
Pourquoi Berlin ?
C’est une ville riche, en histoire, en interactions sociales. C’est une ville cosmopolite, gigantesque. Pour «vivre l’expérience Berlin» !
Le choix de l’Allemagne tient aussi à la langue. Dans la profession, c’est toujours utile de pouvoir communiquer avec un patient ou une patiente qui parle allemand ou même suisse allemand. C’est appréciable en Suisse.
La réputation de l’hôpital de la Charité de Berlin joue aussi un rôle. Sur place, ils adoraient nous répéter que c’était le premier hôpital d’Europe. C’est vrai que c’est une belle opportunité de pouvoir faire des stages dans un hôpital aussi prestigieux.
Toutes ces raisons font de Berlin une ville très attractive. Elle répondait à tous mes critères et c’était mon 1er choix. Mais si j’avais eu mon 3e choix — en l’occurrence Munich — j’aurais certainement eu énormément de plaisir aussi. Franchement, tous mes camarades avec qui j’ai pu discuter sortent très enthousiastes de l’expérience, quelle que soit la ville. C’est un point phare de leur vie.
Racontez-nous votre séjour
L’année a débuté avec quatre semaines de cours de langue intensifs organisés par l’Université Humboldt de Berlin. Cela m’a permis de commencer l’année assez sereinement avec l’allemand que je n’avais pas étudié depuis le gymnase. Mais c’est également un méga-bain social où l’on rencontre plein de gens d’autres facultés, d’autres langues, d’autres cultures … Au final, ces cours intensifs d’allemand ont été un moment crucial dans mon année, parce que c’est là que j’ai créé mon noyau social de base ; des amitiés, de belles amitiés qui se poursuivent encore maintenant.
Ensuite, quand les cours de médecine ont débuté, nous avons été accueillis par le secrétariat de l’École de médecine de Berlin et mis en contact avec l’équivalent de l’AEML. Là encore, ce sont des moments assez importants du séjour. Nous étions 62 étudiants en mobilité, une dizaine pour chaque année du cursus. Les soirées à thème — vraiment cool — nous ont permis rencontrer d’autres étudiants pour mieux collaborer et étudier.
Au final, ce début d’année a posé les bases sociales essentielles pour que l’on soit bien entouré et que la suite du voyage se passe bien.
Quel est votre regard sur le cursus de Berlin ?
Le cursus suit le même schéma qu’à Lausanne avec un 1er semestre plutôt théorique et un 2e semestre avec des stages. C’était assez rassurant de ce point de vue, car la 4e année à Lausanne correspond à une première introduction à la clinique, un premier bain dans le monde professionnel. Partir en mobilité à ce moment-là, c’est prendre le risque de manquer de pratique à son retour, mais ce n’est pas le cas avec Berlin.
Le seul bémol que je signalerai pour Berlin, c’est que l’École fonctionne avec des semestres bien définis et qu’il n’est pas possible de choisir ses cours à la carte, comme c’est souvent le cas ailleurs. L’orthopédie, l’ophtalmologie, l’ORL ou la dermatologie ont manqué à mon programme en comparaison avec l’UNIL. Il faut dire que de manière générale, un séjour mobilité est souvent lié à un « déficit » de matière par rapport à ce qui est enseigné à Lausanne. Mais c’est rattrapable ! Soit on a l’opportunité de réaliser un stage dans ces disciplines, soit on se motive pour réviser de son côté.
Y a-t-il des différences notables dans la formation par rapport à Lausanne ?
À Lausanne, on va bien plus en profondeur dans les modules d’enseignement. J’ai pu le voir avec la gynécologie que j’ai suivi à Berlin et à Lausanne. Du coup, il faut approfondir les matières par des stages ou par les cours donnés en 2e année de Master. Je travaille aussi de mon côté à partir des guidelines de PROFILES.
En ce qui concerne la clinique, les médecins en Allemagne font des tâches qui, en Suisse, sont faites par des infirmiers, comme les prises de sang, la pose de voies veineuses, etc. Quand on étudie en Allemagne, c’est nous, les stagiaires, qui réalisons ces petits gestes tous les matins, tandis que les après-midi sont réservés à suivre un médecin ou assister à une opération, etc. C’est très positif et cela nous permet d’apprendre ces petits gestes essentiels dans la pratique.
Avez-vous rencontré des problèmes administratifs ?
Un peu au premier semestre parce que le début de l’année à Berlin est marqué par un petit challenge, celui d’organiser nous-mêmes nos stages du 2e semestre. Pour respecter le nombre de crédits, il faut en réaliser 6 ou 7. Il s’agit d’être proactif pour « se vendre » et c’est encore moins évident en allemand, dans une ville qui compte une quarantaine d’hôpitaux. Pour obtenir des réponses, certains de mes camarades sont même allés jusqu’à frapper aux portes de certains services. Au final, on se sent un peu maître de son destin et c’est cool parce que tout le monde y arrive.
Au second semestre, les étudiants Erasmus (ou SEMP pour les Suisses) ont rencontré pas mal de problèmes administratifs à cause de la pandémie.
À ce propos, comment avez-vous vécu l’arrivée de la pandémie ?
La première réaction a été un gros stress à l’idée d’être obligé de rentrer à Lausanne ! Heureusement, l’UNIL nous a laissé le choix de rester ou pas, contrairement à d’autres universités. Globalement, j’ai été peu impacté puisque mon 2e semestre consistait en stages. Bien entendu, il y a eu des annulations de dernière minute qui m’ont obligé à me replier sur des stages dans d’autres disciplines que celles de mon learning agreement. Ce n’était heureusement pas irrémédiable pour l’École de médecine, vu la situation exceptionnelle de la pandémie.
Et en ce qui concerne les cours, le COVID a généré pas mal de soucis administratifs avec les secrétariats. Pour ma part, cela n’a concerné heureusement qu’un seul cours obligatoire que je devais rattraper en juin. Il a fallu une quarantaine d’emails pour résoudre la situation avec l’École parce que l’étudiant SEMP que j’étais avait été « oublié ». Comme tous les Erasmus d’ailleurs ! Mais bon, c’était la pandémie.
Quels conseils donneriez-vous aux futur·e·s étudiant·e·s en échange ?
Le truc essentiel, c’est de faire les cours de langue au début du séjour. C’est là que l’on se construit son réseau social.
Le 2e point, c’est de ne pas céder à la facilité quant au logement. Cela peut prendre du temps, mais cela vaut la peine de chercher une colocation en ville avec des gens de là-bas, pour pouvoir s’immerger dans la culture.
Dernier conseil : allez-y ! C’est tellement bénéfique que cela vaut la peine de saisir cette opportunité. Il y a forcément des moments de blues au début, on doit se stimuler et développer des activités qu’on a pas l’habitude de faire quand on est entouré de sa famille et de ses amis. Mais avec le recul, on n’en ressort que du positif. Je suis devenu plus ouvert, plus amical, plus à l’aise, moins retenu. Je me suis découvert, c’est vraiment une année qui nous permet de nous dépasser. Cela m’a fait penser au film des Ch’tis « on braie deux fois : quand on arrive et quand on repart ». Au final, on en sort grandi.
Suite à la votation de 2014 « contre l’immigration de masse », la Suisse ne fait plus partie du programme européen Erasmus+. Pour participer à ces échanges internationaux, la Suisse a mis sur pied le programme SEMP (Swiss-European Mobility Programme) qui remplace en partie le programme Erasmus +.
Propos recueillis par Francine Billotte