L’enjeu
Le principal défi du 21e siècle est de réduire les émissions de gaz à effet de serre. L’adoption de comportements pro-environnementaux contribue à la lutte contre le changement climatique. La plupart des campagnes d’information traditionnelles visant à faire évoluer les habitudes des gens sont menées par le biais de textes imprimés et de messages vidéo, qui donnent des informations sur les problèmes environnementaux.
Une étude intitulée « Immersive virtual reality helps to promote pro-environmental norms, attitudes and behavioural strategies« , conduite par Emmanuelle Kleinlogel, alors chercheuse et chargée de cours à HEC Lausanne, la Prof. Marianne Schmid Mast de HEC Lausanne (UNIL) et leurs co-auteur·e·s, souligne l’efficacité de l’utilisation de la réalité virtuelle pour promouvoir de meilleurs comportements écologiques et diffuser des messages d’une manière plus active et plus efficace.
Dans le cadre de cette recherche, plus de 200 participant·e·s ont été assignés de manière aléatoire à l’une des quatre conditions expérimentales. Dans deux conditions (immersives), les participants recevaient des instructions sur les économies d’énergie de la part d’un avatar dans un appartement virtuel. Dans l’une des situations, c’est le doppelgänger du participant qui donnait les instructions. Dans l’autre, un avatar inconnu s’en chargeait. Dans les deux autres conditions (traditionnelles), les participants recevaient les mêmes instructions par le biais d’un texte imprimé ou d’une vidéo.
Les résultats indiquent que l’utilisation de la réalité virtuelle immersive (RVI) pour transmettre des connaissances pro-environnementales conduit à des attitudes et des comportements plus favorables aux économies d’énergie que par le biais de méthodes d’information plus conventionnelles.
Pour quelles raisons est-ce important
Compte tenu du potentiel de la RVI et de ses avantages en tant que moyen percutant et ludique de promouvoir des attitudes pro-environnementales à un coût optimal, l’utilisation de la réalité virtuelle immersive pourrait être appliquée aux campagnes vertes des organisations gouvernementales et pro-environnementales.
Ce qu’en disent nos expert·e·s
Les auteur·e·s de l’article estiment que la principale différence entre les conditions traditionnelles et les conditions IVR est que les participants ont eu l’impression de se retrouver dans un autre monde où ils avaient la possibilité de voir l’impact de comportements spécifiques. Dans ce monde virtuel, ils étaient davantage des agents que dans la réalité. Dans les conditions traditionnelles, ils étaient plus passifs en lisant ou en regardant une vidéo.
« Nous pensons que l’immersion et la présence dans l’environnement en question tout en obtenant des informations sur les économies d’énergie ont fait la différence », déclare Emmanuelle Kleinlogel. « Il est important de noter que l’effet comportemental que nous avons observé était limité aux stratégies directement abordées dans l’intervention, de sorte que les personnes qui ont appris des gestes écologiques par le biais de la RV n’appliqueront que ce qui leur a été enseigné. Cela signifie qu’il faut donner une explication claire si l’on veut observer un changement de comportement. De plus, nos tests montrent que recevoir des instructions de son doppelgänger n’apporte pas de meilleurs résultats ».
Conclusion
Compte tenu de la démocratisation croissante des outils de réalité virtuelle, l’élaboration de campagnes basées sur la RVI pourrait être la prochaine étape pour promouvoir efficacement le développement durable. Tout d’abord, cette technologie offre une grande liberté dans la conception des contextes d’intervention. Ensuite, elle est devenue rentable et accessible, offrant ainsi de nouvelles possibilités de mener des campagnes à grande échelle.
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