Equipe : Prof. Olivier Lugon, Dr. Estelle Blaschke, Davide Nerini, Centre des sciences historiques de la culture
Avant l’avènement du numérique, le microfilm ainsi que d’autres supports photographiques comme la microfiche ont permis de traiter, de stocker et de conserver de vastes quantités de documents textuels et visuels au service des bibliothèques, des institutions publiques et des entreprises. C’est largement à travers la microphotographie, terme générique pour toutes les formes de réduction de la documentation sur film, que s’est jouée la transition entre la matérialité du papier et la supposée immatérialité du numérique.En se focalisant sur les années 1950 aux années 1980, ce projet de recherche s’intéresse aux multiples instruments développés par les industries photographiques et informatiques pour accéder à ces « micro-images », leur associer des données et pour offrir ainsi de nouveaux moyens de gérer et de donner accès à des quantités inédites d’images. Il explore l’évolution des appareils de « lecture mécanique » sur écran, leur rapport à l’informatisation de la société et à la transformation de l’espace des bibliothèques et des bureaux. Pour cela, il examine différents projets concrets de reproduction de masse dans leur interaction avec des dispositifs électroniques. Si la microphotographie a suscité de grands espoirs quant à l’avenir immatériel de la documentation et à la démocratisation de l’information et du savoir, le projet s’interroge aussi sur les limites du médium face à l’essor de l’ordinateur, qui le reléguera au statut « passif » d’outil de conservation plutôt que de diffusion des informations.
Au croisement des sciences de l’information, de l’histoire culturelle des médias et des sciences, ce projet propose une histoire élargie de la photographie comme technologie de l’information et une contribution à l’écriture de l’histoire des humanités numériques.
Mots-clés : photographie, reproduction, archéologie du numérique, gestion électronique des données, transmission des savoirs, humanités numériques