Mondher Kilani a été professeur ordinaire à la Faculté des sciences sociales et politiques de 1991 à 2013. S’intéressant à l’histoire et à l’épistémologie de l’anthropologie, il s’est spécialisé en anthropologie de l’Europe, de la Mélanésie, du monde arabe, de l’Afrique de l’Ouest et du Sud-est asiatique. Il a publié 10 ouvrages à titre individuel, 10 autres en collaboration, plus de 50 articles référencés et plus de 50 chapitres de livres.
Quelles sont les étapes significatives de votre parcours de chercheur ?
Ce qui a marqué mon parcours en tant qu’anthropologue, c’est la succession des recherches de terrain que j’ai effectuées dans plusieurs cultures du monde : Papouasie – Nouvelle-Guinée, région de montagne en Suisse, oasis du Sud tunisien, communautés rurales et pastorales du Sahel nigérien et, enfin, les villes du Détroit de Malacca en Malaisie. Ces recherches pratiques ont été accompagnées de réflexions sur la méthode et l’épistémologie des sciences sociales (observation, description, interprétation et textualisation). Ces réflexions théoriques ont été conduites en collaboration avec des équipes locales (Faculté des lettres de l’UNIL et universités romandes) et internationales (notamment en Italie et en France).
Quelle est l’activité dans laquelle vous vous êtes le plus investi à l’Unil ?
L’enseignement, bien sûr, pour tous les cycles, notamment au niveau de la Maîtrise (actuel Master) et de l’ancien Diplôme Spécialisé Postgrade (DSPG). Je me suis également investi dans la recherche dans le cadre du 3e cycle des Universités romandes (exercice de terrain pour les étudiants avancés), ainsi que dans l’encadrement des thèses de doctorat dont les sujets se répartissaient un peu partout dans le monde (Océanie, Afrique subsaharienne, Europe, Amérique latine, monde arabe).
Quels sont les axes de recherche que vous avez privilégiés ?
J’ai traité de plusieurs thématiques : le changement social et culturel ; le rapport entre religion et société civile ; le rapport homme-animal et la raison sacrificielle ; le cannibalisme et ses expressions modernes ; la relation à l’environnement et à la catastrophe ; la guerre et la violence extrême ; la gestion du multiculturalisme dans des sociétés plurielles ; les processus de patrimonialisation et les politiques identitaires.
Quel souvenir gardez-vous de vos différentes collaborations internes et externes ?
Excellentes. Ces collaborations étaient fondées à la fois sur la confiance (et l’amitié) et sur la compétence. Elles ont permis l’organisation de plusieurs colloques et conférences internationales, et ont abouti à plusieurs publications collectives.
Comment se faisait la recherche à ses débuts à l’Unil par rapport à aujourd’hui ?
Elle était peut-être plus solitaire qu’actuellement, probablement à cause de la modestie des moyens à disposition. Personnellement, toutefois, j’ai toujours associé la recherche individuelle à la recherche collective et à l’échange avec d’autres collègues et équipes.
Quelles difficultés avez-vous éprouvé dans le travail de recherche ?
En y réfléchissant, aucune. Cela dépend certainement de la stratégie choisie : compter d’abord sur les compétences, choisir ensuite judicieusement les collaborations, assumer enfin la recherche du pauvre : on peut effectuer des recherches de qualité et de longue haleine sans nécessairement s’inscrire dans des dispositifs trop lourds.
Quels sont les talents cachés qui vous ont aidé à surmonter ces difficultés ?
Pour effectuer de la recherche, il faut être tout d’abord passionné et ensuite exigeant avec soi-même.
Comment envisagez-vous la suite ?
Poursuivre la recherche et l’écriture sur la même lancée !