In search of discontent.
Spatial and social stratification of political grievances in Europe
Nathalie Vigna a poursuivi ses études entre l’Italie et la France, obtenant un Master en relations internationales à l’Université de Turin, ainsi qu’un Master en sciences politiques à l’Institut d’Études Politiques de Bordeaux. Par la suite, elle a commencé sa thèse en tant qu’assistante à l’Institut des sciences sociales de l’Université de Lausanne, sous la direction du Prof. Daniel Oesch. Pendant sa thèse, elle a également effectué un séjour de recherche au Centre de Recherche sur les Inégalités Sociales à Sciences Po (Paris). Elle a défendu sa thèse le 3 mai 2024.
Cette thèse vise à comprendre les sources structurelles de deux des principaux défis politiques contemporains, à savoir le succès des partis populistes de droite radicale dans de nombreux pays occidentaux et l’opposition de certains groupes aux politiques environnementales. Elle teste l’hypothèse, largement répandue dans la littérature, selon laquelle ces phénomènes découlent d’un mécontentement politique croissant au sein de certains groupes et dans certaines régions. Elle analyse ce mécontentement à travers les prismes de la stratification sociale et spatiale, en se basant sur les données de l’International Social Survey Programme, du European Social Survey et du European Values Survey.
Les résultats montrent que, bien que la classe ouvrière se perçoive comme ayant un statut social subjectif inférieur à celui des classes moyennes et moyennes supérieures, cette différence est restée stable au cours des dernières décennies. De même, les hiérarchies spatiales au sein des pays contribuent à façonner le statut subjectif des citoyen·ne·s, mais ces différences ne semblent pas s’être accrues dans les pays européens étudiés. De plus, le fossé urbain-rural en matière de satisfaction politique est relativement faible et stable dans de nombreux pays européens.
Dans l’ensemble, ces résultats soulignent l’importance de la stratification sociale et spatiale dans la formation des attitudes politiques des citoyen·ne·s, notamment en ce qui concerne le soutien aux politiques environnementales. Cependant, ils remettent également en question l’hypothèse d’un ressentiment croissant au sein des classes populaires ou des communautés périphériques.