Justine Scheidegger

Des corps cadrés. Le handicap à la Télévision Suisse Romande au prisme d’une microsociologie de la rencontre médiatique (1956-2019)

Après un bachelor en Sciences Sociales et en Philosophie à l’Université de Lausanne, Justine Scheidegger a réalisé un master en médias, communication et culture en sciences sociales à l’Université de Lausanne, où elle a mené une ethnographie sur les enjeux de la visibilité du genre en boîte de nuit. Elle a ensuite été engagée au sein du projet FNS HandiRTSArchives dirigé par la Prof. Anne Marcellini à l’Institut des Sciences du Sport et du Mouvement. Elle a mené sa recherche doctorale en approfondissant les questions de visibilité et d’espace public, cette fois-ci par une enquête menée au sein des archives de la Radio Télévision Suisse sur la présence médiatique des personnes dites handicapées et les regards portés sur elles.

Comment apparaissent les personnes dites handicapées à la Télévision Suisse Romande (RTS) ? Comment opère la catégorie de « handicap » au sein des contenus médiatiques ? Quels sont les regards portés par la RTS sur les personnes dites handicapées ? Cette thèse apporte des éléments de réponse à ces questions à partir de l’analyse de contenus médiatiques produits par la RTS tout au long de son histoire.

La richesse des archives numérisées de cette télévision publique, abordée sous l’angle de la microsociologie, permet de rendre compte d’une histoire discrète et quotidienne. Cette thèse propose de passer sous les grands paradigmes et les périodisations bien établies et d’analyser les contenus télévisuels selon les situations, les interactions, les actions et les modalisations qui les ont produits. Pour interroger ce regard et resituer la perception dans la situation, la thèse développe le paradigme de la « rencontre médiatique ». Ce paradigme replace les corps dans les situations et part de ces dernières. Il puise dans différents courants de la sociologie et de la philosophie (interactionnisme – ethnométhodologie – phénoménologie – pragmatisme – théories critiques – théories féministes) afin de rendre visible la constitution des présentations ordinaires et publiques des personnes dites handicapées à la RTS ainsi que leurs places médiatiques les plus récurrentes. Sur ce terrain filmique, la thèse questionne de manière radicale le postulat de la « visibilité du handicap » et interroge la théorie du stigmate en la confrontant à la théorie des cadres de l’expérience de Goffman.

Ce manuscrit invite à suivre les déploiements de l’enquête au travers des archives numérisées, au prisme de cette microanalyse qui interroge la perception jusque dans ses ancrages sociohistoriques.