Acteurs et transformations des politiques de défense militaire suisses (1948–2008) sous l’angle du cadre des coalitions advocatives
Christian Bühlmann est titulaire d’un diplôme d’ingénieur informaticien de l’EPFL, d’un Master of Arts in International Studies du King’s College à Londres et d’un diplôme fédéral d’officier de carrière. Il a réalisé une thèse en science politique sous la direction du Prof. Ioannis Papadopoulos tout en travaillant comme responsable de la recherche et du développement de la doctrine militaire, puis comme officier supérieur adjoint du chef de l’Armée et finalement comme membre de l’équipe de direction du Centre de Politique de Sécurité – Genève (GCSP). A partir de mars 2024, il va quitter le service de l’administration fédérale pour travailler comme cadre dans le secteur privé.
Cette thèse examine les acteurs et les transformations des politiques publiques de défense militaire suisses, les activités spécifiques que la Confédération entreprend (ou non) pour organiser, développer ou transformer la défense militaire ainsi que pour préparer et exercer l’usage de la force à des fins politiques.
On a analysé les quatre réformes militaires entreprises entre 1948 et 2008. Pour comprendre ces mutations souvent conflictuelles, la prise en compte de facteurs domestiques et des strates de croyances des acteurs influents s’avère incontournable. En conséquence, on a appliqué un cadre majeur des recherches en politiques publiques, l’Advocacy Coalition Framework (ACF). L’ACF prend bien en compte l’impact sur le programme militaire des querelles conceptionnelles observées tout au long de la période d’étude.
L’étude s’articule autour de trois questions de recherche : (1) Qui sont les acteurs majeurs des transformations ? (2) Pourquoi les politiques de défense militaires suisses de l’après–guerre se transforment–elles ? (3) Quel est l’apport de l’analyse des transformations des politiques de défense militaires suisses au développement de l’ACF ?
Le test qualitatif des hypothèses, totalisant plus d’une centaine d’observations, conduit à plusieurs résultats majeurs : (1) une évaluation fouillée du cadre des coalitions advocatives sur une période de soixante ans ; (2) la description dans le temps long des dynamiques des politiques publiques de défense militaire sous l’angle des disputes de croyances entre acteurs ; (3) le rôle central du chef du département de la défense dans la transformation ainsi que (4) la nécessité de compléter l’ACF pour mieux comprendre certaines politiques publiques institutionnelles.
Novatrice, cette thèse contribue au développement de la connaissance par des apports substantiels et par son approche originale. Elle offre une grille d’analyse des transformations des politiques de défense militaire qui contribue, par rétroaction, à la critique et au développement de l’agenda de recherche de l’ACF.