Le grand patronat suisse et l’Europe (1957-1984)
Le rôle du Vorort face aux organisations patronales européennes
Après un bachelor en relations internationales à l’Université de Genève, Ludovic Iberg a réalisé un master en science politique (orientation histoire internationale) à l’Université de Lausanne. Il a accompli son mémoire sous la direction de Sébastien Guex. Depuis 2017, il a assisté les Professeures Janick Schaufelbuehl et Stéfanie Prezioso à l’Institut d’études politiques, tout en réalisant sa thèse de doctorat.
Cette thèse de doctorat se propose d’apporter un nouvel éclairage sur les relations entre la Suisse et l’Europe en se focalisant sur les rapports entre le grand patronat suisse et ses organisations sœurs sur le continent. Loin des récits mythologiques qui font de la Suisse un petit pays alpin impuissant face aux grandes puissances et s’accrochant coûte que coûte à sa neutralité, cette étude démontre que les organisations patronales helvétiques et les autorités fédérales ont joué un rôle proactif dans le concert des nations européennes. Leur politique conjointe s’est constamment attachée à maximiser les profits, la puissance économique ainsi que les capacités d’expansion des secteurs industriels de pointe sur les marchés étrangers. La réalisation de ces objectifs a impliqué de combattre l’intégration proposée par la Communauté économique européenne, car ce projet imposait de renoncer à la souveraineté commerciale. Elle a également été conditionnée au maintien du bloc bourgeois domestique, c’est-à-dire au rôle de direction politique et économique de la principale organisation patronale, l’Union suisse du commerce et de l’industrie, envers des acteurs moins bien dotés en ressources, tels que la paysannerie ou l’artisanat. Les succès helvétiques en matière de politique européenne doivent également être attribués à la perpétuation de l’alliance de longue date avec les milieux dirigeants ouest-allemands, qui constituent l’une des forces motrices de l’intégration européenne. Ainsi, cette étude, qui repose avant tout sur les approches économiques, se propose de jeter une nouvelle lumière sur la politique européenne de la Suisse, axée sur les dynamiques capitalistes pour la période 1957-1984.