Une européanisation des politiques de conciliation de la vie familiale et professionnelle ? Les cas de l’Italie et de la France
Après l’obtention d’une licence en sciences sociales à l’Université de Lausanne, Sabina Gani a travaillé comme assistante d’enseignement et de recherche à la Faculté des sciences politiques et sociales de l’UNIL. Sous la direction du Prof. François-Xavier Merrien, elle a entrepris une thèse de doctorat. Au cours de son engagement à l’Université, elle s’est intéressée notamment aux politiques sociales, aux comparaisons internationales, à la perspective de genre et aux politiques de lutte contre la pauvreté.
Les différents pays membres de l’UE connaissent des politiques dites de « conciliation de la vie professionnelle et familiale » qui correspondent à un ensemble de dispositifs hétéroclites, plus ou moins complexes, mais rarement cohérents. Alliant des objectifs tels que la hausse de la natalité, la protection des mères et des enfants, l’égalité entre femmes et hommes, la lutte contre la pauvreté des enfants et des familles monoparentales et l’activation des femmes, ces politiques sont fortement ancrées dans des traditions nationales de politiques familiales, fiscales et d’emploi. Elles portent en elles l’héritage et les tensions de l’histoire d’un pays.
Au moment où un nouvel acteur international, l’Union européenne, intervient de manière de plus en plus explicite dans le débat et dans la définition de ces politiques, la présente étude se propose d’analyser l’influence exercée par les référentiels européens en matière de politiques de conciliation sur les discours et les politiques nationales de l’Italie et de la France. A partir d’une analyse cognitive du processus d’européanisation, nous montrons que les référentiels développés au sein de l’UE, par leur caractère abstrait et flou, n’ont eu jusqu’ici qu’une faible influence sur les discours et les politiques en Italie et en France.
Croisant une perspective néo-institutionnaliste historique et discursive, notre recherche a été construite autour de deux axes de réflexion. Premièrement, nous avons examiné l’évolution du discours tenu par les différentes instances européennes. Nous avons également questionné le mode d’émergence d’un consensus entre des pays et des acteurs qui ont des traditions extrêmement différentes en matière de politique sociale, de politique familiale et de convention de genre. Deuxièmement, nous avons étudié si et comment un cadre de référence conçu au niveau communautaire a pu influencer les discours et les politiques au niveau national.