‘Se dire similaire et différent’. La (re)présentation de soi et la négociation des références identitaires des ressortissants ex-yougoslaves musulmans au Luxembourg
Lucie Waltzer est titulaire d’une Licence ès Lettres de l’Université de Fribourg où elle a notamment étudié les Sciences des religions, la Sociologie et l’Anthropologie sociale. Elle a fait sa thèse à l’ISSRC, sous la dir. du Prof. Jörg Stolz, en cotutelle avec l’Université du Luxembourg sous la dir. du Prof. Philippe Poirier.
Cette thèse, qui se base sur des entretiens qualitatifs, porte sur la négociation des références identitaires de musulmans en provenance de l’ex-Yougoslavie, immigrés et réfugiés au Luxembourg. Elle s’intéresse, en particulier, à la pertinence changeante de la religion dans la conception de soi.
Selon une approche constructiviste et interactionniste, l’identité est conçue comme un projet constamment négocié, reconstruit dans des processus d’interaction sociale et en fonction des contextes sociaux. La question est alors de savoir comment les immigrés et réfugiés redéfinissent leurs identités dans un nouvel environnement et comment les variations au niveau de l’affiliation religieuse et du sentiment d’appartenance peuvent être expliquées.
Nos données suggèrent l’émergence de constructions identitaires complexes et attestent de la pluridimensionalité et de l’intersectionnalité des références identitaires utilisées dans la conception de soi. Elles témoignent aussi de la non-réduction des individus à des catégories fixes. En effet, différentes catégories sont rendues significatives et de multiples frontières sont établies afin de se différencier de figures d’altérité changeantes, sélectivement choisies pour construire une certaine image de soi. C’est donc en une dynamique d’appropriation et de distanciation de différentes catégories sociales que réside la complexité de la construction identitaire. Les discours identitaires témoignent de l’aspiration à une identité positive, dans une situation caractérisée par la perte du statut social et par des stigmatisations multiples.
Finalement, ce travail décrit les manières dont les individus établissent leur répertoire identitaire à l’aide de marqueurs transposés, inventés et revalorisés, leur permettant de reconstruire une identité positive pour soi et leurs audiences. Il montre comment les processus de différenciation de « l’autre » dans le pays d’origine et d’accueil sont reliés.