Action publique concertée et gestion des sports de nature. Une ethnographie participative au Conseil général du Bas-Rhin
Docteure en Sciences du sport au sein de l’équipe de recherche « Sport et sciences sociales » de l’Université de Strasbourg et chercheuse associée au Groupe de Recherche de l’Institut des Sciences du Sport de l’Université de Lausanne (GRISSUL), Elodie Wipf étudie les processus de l’action publique dans le domaine des politiques sportives et de l’aménagement du territoire, s’intéressant notamment aux problématiques liées aux sports de nature et aux conflits d’usages. En parallèle, elle mène des recherches en sociologie du travail et de l’emploi dans le domaine des entreprises sportives.
En France, la décentralisation et la territorialisation de l’action publique ont fait des sports de nature un objet d’action publique légitime. De nouveaux outils de management public dédiés à la concertation et à la planification des usages de la nature ont alors vu le jour. Issus de l’article 52 de la Loi sur le sport modifiée en 2000, la Commission Départementale des Espaces, Sites et Itinéraires relatifs aux sports de nature (CDESI) et le Plan Départemental des Espaces Sites et Itinéraires relatifs aux sports de nature (PDESI) sont à l’heure actuelle des instruments de concertation territoriale qui permettent la gestion publique des sports de nature au niveau départemental.
L’un des enjeux de la thèse tient à l’appréhension des transformations de l’action publique, et cela par une étude des dispositifs de concertation sur les sports de nature.
La thèse vise également à mettre en évidence les effets de la concertation en analysant les interactions et les différents modes d’engagement des acteurs au cours de la « chose publique en train de se faire » (Cefaï, 2002). Les acteurs s’engagent dans la concertation comprise non seulement comme une activité sociale faite d’interactions, mais également comme processus d’action publique. En mobilisant les outils conceptuels de la sociologie interactionniste, de la sociologie pragmatique, ainsi que de la sociologie structuraliste, l’analyse des situations interactionnelles a notamment permis d’identifier les procédures de cadrage et les techniques dramaturgiques mises en œuvre par les interactants, ainsi que les répertoires argumentatifs mobilisés par ces acteurs pendant « l’épreuve » de la concertation. Les confrontations des points de vue et les justifications des prises de positions des acteurs peuvent faire évoluer la configuration initiale des jeux d’acteurs même si, pour certains, ces changements ne restent parfois qu’éphémères. Les organisations s’engagent dans la concertation en fonction de la revendication d’une légitimité qui est à comprendre comme une forme de militantisme institutionnel s’articulant autour de la valorisation d’une expertise militante, environnementale, institutionnelle, ou encore de leur statut de partenaire institutionnel.
Mots-clés : sociologie, action publique, management public, sports de nature, concertation, interactions, engagements, processus.