Sous la dir. du Prof. Olivier Fillieule (IEPI), le projet SOMBRERO travaille la question des effets socio-biographiques de l’engagement dans le contexte des années post 68 en France, c’est-à-dire des façons dont l’engagement génère ou modifie des dispositions à agir, penser, percevoir – et se percevoir – en continuité ou en rupture avec les produits de socialisation antérieurs.
C’est sous l’angle de la fabrique des trajectoires que nous proposons d’aborder cette question et de cerner ce que l’engagement produit plutôt que ce dont il est le produit. D’un point de vue théorique, nous nous inscrivons dans un modèle processuel et multi-niveau des parcours de vie, une sociologie des “carrières militantes”.
L’analyse de carrière, en dépliant le temps individuel et en tenant compte des contextes dans lesquels les dispositions incorporées peuvent ou non s’actualiser, permet d’appréhender les conditions sociales de perpétuation ou d’abandon des engagements, c’est-à-dire de rendre raison des fluctuations, bifurcations et défections qui scandent les histoires de vie. A ce titre, il importe d’explorer la socialisation militante comme processus dynamique, producteur de gratifications et de contraintes pouvant infléchir durablement les itinéraires des agents sociaux en affectant leurs différentes insertions. L’analyse est donc indissociable de l’étude approfondie des logiques de mobilité sociale ascendante ou descendante.
Nous commençons par identifier des individu-e-s ayant été politiquement actif-ve-s dans les années 1970 (de l’immédiat après 68 à 1981) dans trois “familles de mouvements” (mouvance féministe, syndicats ouvriers, organisations d’extrême gauche) et dans cinq villes de province (Marseille, Lyon, Lille, Nantes et Rennes). Nous produisons d’abord une cartographie la plus précise possible des champs multi-organisationnels locaux dans les années 1970, puis nous conduisons une série de 500 histoires de vie auprès d’ex militants, en associant l’entretien à un calendrier de vie traité au moyen d’une “analyse de séquence”. Un tel design doit permettre de reconstruire les parcours de vie en articulant niveaux micro (idiosyncrasies), méso (socialisation secondaire par l’engagement) et macro (contextes local et national) de l’analyse.
Fiche technique :
Projet blanc Sciences humaines et sociales, Agence nationale de la recherche.
Durée : 36 mois.
Coût total: 1.700.000 Euros.
Porteur du projet : Olivier Fillieule
Laboratoires partenaires :
CESSP, UMR 8209-Université Paris-Panthéon-Sorbonne, CNRS, et EHESS.
CERAPS, UMR CNRS-Université de droit et de la santé Lille II.
Centre Max Weber, UMR 5283, Ecole normale supérieure de Lyon.