La « lutte contre la corruption » au prisme des contextes nationaux. Étude comparative du Botswana, du Cameroun, de Singapour et de la Suisse
Après un premier cycle effectué à l’Université de Lausanne avec l’obtention d’un Bachelor en Science politique en 2012, puis un second cycle réalisé à Sciences Po Bordeaux (France) avec l’obtention d’un Master en Affaires politiques et internationales en 2014, Alain ELOKA a travaillé comme assistant diplômé à l’institut d’études politiques de 2014 à 2019. Il a soutenu sa thèse de doctorat le 24 février 2020 dans le cadre d’une cotutelle internationale entre l’Université de Lausanne et l’Université de Bordeaux, sous la codirection des professeurs Dietmar BRAUN (Professeur honoraire de la Faculté des sciences sociales et politiques à l’Université de Lausanne) et Dominique DARBON (Professeur de Science politique à Sciences Po Bordeaux). Ses intérêts de recherches concernent la gouvernance, l’action publique régulative et la comparaison.
La thèse d’Alain ELOKA explique les différences de mises en œuvre de la « lutte contre la corruption » aux échelles nationales. Elle explore l’hypothèse que les différences systématiques de mises en œuvre nationales des instruments préconisés contre la corruption s’expliquent par des jeux et des enjeux politiques autour (et avec) les instruments en question.
À la lumière des connaissances établies par la sociologie de l’action publique, cette thèse propose une explication à deux niveaux d’analyse dont le premier niveau (son essence théorique) suggère que tout instrument concrètement envisagé pour éradiquer la corruption dans n’importe quel pays est susceptible de mobiliser des soutiens et/ou de se heurter à des oppositions et des résistances diverses; et cela parce que les acteurs en présence sont diversement (1) habités par des idées sur la « corruption » et la nécessité de l’éradiquer, (2) animés par des intérêts (dé)favorablement relatifs à la définition officielle de la « corruption » et aux choix des options d’éradication les plus « appropriés » dans leur espace social, et enfin (3) dépendants des ressources (institutionnelles et non institutionnelles) dont ils disposent à la fois collectivement et les uns par rapport aux autres pour choisir et imposer à tous (ou alors pour empêcher) des options particulières d’éradication de la corruption. Au deuxième niveau d’analyse, son modèle explicatif suggère que les constellations d’acteurs en présence aux échelles nationales, en tant que configurations particulières d’idées, d’intérêts et de ressources, sont conditionnées par deux aspects fondamentaux du contexte national : le niveau de développement socioéconomique et le système politique en vigueur. Cette explication est empiriquement validée par quatre cas d’étude dissemblables en termes de système politique et de niveau de développement socio-économique : le Botswana, le Cameroun, Singapour et la Suisse.