How Gender and Class Norms Shape our Worldview: Occupational Representations of Teenagers in Switzerland
Dinah Gross est chercheure FNS à l’Institut des sciences sociales de l’université de Lausanne et au Service de la recherche en éducation (SRED, Genève). Après des études de philosophie et un diplôme postgrade en sciences sociales à l’université de Genève, elle a été assistante diplômée à l’Institut des sciences sociales de l’UNIL pendant cinq ans. Elle a ensuite été chargée de recherche à la Haute école de travail social et de la santé (EESP) de Lausanne et chercheure FNS au Centre interfacultaire de gérontologie et d’étude des vulnérabilités (CIGEV) de l’université de Genève. Sa recherche porte sur les effets du genre et de l’origine sociale sur les représentations, les aspirations et les trajectoires professionnelles dans une perspective de parcours de vie. Sa recherche actuelle, dans le cadre du projet « Les parcours de formation professionnelle au prisme du genre et de l’orientation sexuelle », porte sur les discriminations liées au genre dans la formation professionnelle. Elle a soutenu sa thèse le 7 avril 2020, sous la direction de Prof. Felix Bühlmann, (ISS) et de Prof. hon. Dominique Joye, ISS (Co-directeur de thèse).
Les représentations que les adolescent·e·s ont des professions, en particulier en termes de sexuation et de prestige, sont souvent considérées comme fondant leurs aspirations professionnelles. Sur la base d’un questionnaire rempli par un échantillon de 3125 jeunes de 12 à 15 ans et leurs parents en Suisse, cette recherche examine comment ces représentations varient en fonction de paramètres liés au genre et à la classe sociale, comment elles sont associées entre elles, et comment elles influencent les aspirations professionnelles.
Il ressort des analyses que les représentations de la sexuation des professions varient en fonction du sexe, de l’identité de genre et du sexisme des participant·e·s, contribuant ainsi à construire une perception hiérarchique et ségréguée des professions estimées convenir à chaque sexe. Prestige et masculinité des professions sont associées plus fortement par les jeunes appartenant à des groupes dominants (les garçons et les élèves dans les voies scolaires à exigences élevées). Cette thèse examine l’influence que les parents ont sur les représentations professionnelles de leurs enfants : les attitudes concernant les rôles genrés sont transmises de parents à enfants, de même que les représentations en termes de prestige et les attentes quant au statut social.
La théorie de la circonscription et du compromis de Gottfredson affirme que les jeunes choisissent la profession à laquelle ils et elles aspirent à la suite d’un processus de circonscription des alternatives acceptables en termes de sexuation, de prestige et de difficulté des professions. Cette thèse propose une évaluation empirique de cette théorie dont il résulte que le prestige n’est pas une dimension adéquate pour évaluer les professions féminines et que le fait de percevoir une profession comme difficile n’est pas un facteur de découragement ; ainsi, cette théorie n’explique pas de façon fiable la construction des aspirations professionnelles.