Dual identities, intergroup contact, and political activism among minorities: The case of Bulgarian Roma and Kosovo Albanians in Switzerland
Adrienne Giroud (-Pereira) a effectué son doctorat de 2013 à 2019 au Laboratoire de psychologie sociale (UNILaPS) de l’Université de Lausanne sous la direction de la Prof. Eva Green. Elle a basé sa thèse en majeure partie sur les données originales d’un projet d’enquête sociale financé par le FNS et dont la Prof. Green était l’investigatrice principale pour la Suisse (voir https://wp.unil.ch/interethnicbulgaria). Ses intérêts de recherche entrent en synergie avec les autres projets d’UNILaPS et concernent les attitudes et politiques envers la diversité culturelle, les préjugés ethniques et l’engagement politique des minorités.
Cette thèse précise les processus sociaux et psychologiques à la base des attitudes politiques vis-à-vis du changement social des groupes historiquement défavorisés et des minorités ethniques, en s’appuyant sur la littérature concernant les effets sédatifs ou “paradoxaux” des contacts intergroupes positifs (Dixon, Durrheim, & Tredoux, 2007; Saguy, Tausch, & Dovidio, 2009; Wright & Lubensky, 2009) et sur des modèles d’action collective fondés sur l’identité (Simon & Klandermans, 2001; Van Zomeren, Postmes, & Spears, 2008). Déployant des méthodes mixtes, ce travail insiste sur la perspective subjective des membres de minorités ethniques de bas statut en examinant plus particulièrement la situation de deux groupes peu étudiés en psychologie sociale : les Roms et les Kosovars de Suisse. Considérant le rôle du discours dans les processus identitaires, la thèse explore comment les Roms négocient psychologiquement leur identité ethnique négative et fournissent des interprétations alternatives de leur identité collective face à l’omniprésence des préjugés anti-Roms.
Ce premier axe de recherche souligne l’interdépendance entre les perspectives des groupes sociaux majoritaires et minoritaires et suggère que la représentation sociale déshumanisante de l’ethnie rom empêche leur mobilisation politique. Il révèle aussi une performance identitaire positive des Roms qui participe au maintien du statu quo (Durrheim, Quayle, & Dixon, 2016 ; voir aussi Klein, Spears, & Reicher, 2007). La thèse étudie ensuite l’effet paradoxal du contact intergroupe positif sur l’activisme politique des Roms et des Kosovars en Suisse et révèle comment cet effet est modéré par une identification nationale et duelle. Ainsi, les Roms mobilisent l’identification nationale en faveur de l’activisme ethnique et résistent ainsi à l’effet paradoxal du contact intergroupe avec la majorité. En revanche, les Kosovars de Suisse qui s’identifient à la fois en tant que Suisses et en tant que Kosovars et qui entretiennent des contacts positifs avec les membres de la majorité suisse non-immigrante se démobilisent. La thèse fournit des interprétations contextuelles et théoriques de ces résultats et propose des solutions pratiques pour favoriser le changement social.