La médiation par les pairs à l’école : un dispositif de formation pour quels apprentissages ?
Julien Grand a obtenu une licence puis un diplôme en psychologie à l’Université de Lausanne en 2008. Intéressé par la dynamique de groupe et les interactions, ses études l’ont amené à se spécialiser dans le domaine de la psychosociologie clinique. Durant ses études, il a analysé la construction conjointe de représentations (confidentialité médicale, SIDA), dans des focus groups mis en œuvre par les Prof. Anne Salazar Orvig et Michèle Grossen. Sa thèse est une étude de cas portant sur un dispositif de médiation par les pairs implémenté dans un établissement scolaire vaudois. Dirigée par la Prof. Michèle Grossen, cette thèse a été soutenue en novembre 2019. De surcroît, Julien Grand exerce en tant que psychologue clinicien d’orientation systémique.
Ces dernières années, des écoles ont institué des projets de médiation scolaire par les pairs (MSP) pour juguler l’accroissement de la violence et améliorer le climat scolaire. Ce travail étudie un programme de MSP mené avant la réforme HARMOS dans une école romande. Ce programme vise à sensibiliser tous les élèves de 7ème année à la médiation et à former des médiateurs. Plus globalement, l’objectif est de créer une « culture de la médiation » dans l’établissement. Cette étude s’inscrit dans une perspective socio-culturelle et cherche à répondre à la question : comment ce programme fonctionne-t-il dans les faits ? Des méthodes mixtes sont employées pour étudier les représentations de la MSP ainsi que le processus de secondarisation dans des situations d’enseignement/apprentissage de la médiation.
Deux conceptions de la médiation émergent : la médiation comme culture et la médiation comme procédure d’intervention. Si un objectif est de créer une « culture de la médiation », l’enseignement est centré sur l’apprentissage de procédures d’intervention, aspect qui ressort également de la pratique des médiateurs. La question des normes et valeurs à construire en commun n’apparaît plus que marginalement. En matière d’enseignement/apprentissage, si la formation fait vivre aux élèves des expériences dans des tâches ou des jeux de rôle, le travail de secondarisation de cette expérience n’est que peu ou pas abordé dans les documents didactiques et rarement effectué in situ par les enseignants.
En conclusion, cette recherche montre qu’un projet comme la MSP est traversé par des implicites et des allant-de-soi : la tension entre une médiation comme procédure et une médiation comme culture en est un exemple. Ces implicites peuvent engendrer des écueils, comme la difficulté à créer un espace dialogique qui favorise la secondarisation de l’expérience ou de la médiation, la collaboration et la construction de valeurs et normes communes.