L’expérience scolaire des enfants rwandai·se·s : perspectives croisées.
Après l’obtention d’un master en Psychologie Clinique et thérapeutique et d’un Master en Genre et Développement, Ernestine Narame a soutenu sa thèse en sciences de l’Education, sous la direction de la Prof. Farinaz Fassa en juillet 2019. Son expérience de plus de dix ans au Rwanda dans le domaine associatif et auprès d’ONG internationales se poursuit aujourd’hui par ses intérêts de recherche qui portent sur les personnes vulnérables, en particulier les enfants et les femmes.
Cette thèse examine l’expérience scolaire des enfants rwandais.e.s afin de comprendre le sens qu’ils.elles donnent à leur scolarité, leurs rapports aux savoirs et à l’école et leur manière de s’y adapter ou de s’y opposer. Elle montre ce qui favorise et ce qui entrave leur mobilisation scolaire en insistant sur l’importance du climat scolaire et de l’environnement familial et social de chaque élève, notamment les enfants des « femmes cheffes de ménage ». Ces deux aspects conditionnent son accès à la culture scolaire ainsi que son appropriation.
L’approche adoptée, la sociologie de l’expérience, rejoint les perspectives transformatrices et participatives qui considèrent les jeunes comme des sujets réflexifs. Pour cela, cette thèse a adopté une méthodologie mixte et s’est intéressée aux élèves de 12 à 14 ans en 6e primaire dans les écoles publiques de Kigali, entre 2015 et 2018. Les résultats de cette étude inédite montrent que les caractéristiques particulières du contexte post-génocide, le climat scolaire (conditions matérielles de scolarité, relations avec les pairs et les enseignant.e.s), les conditions socio-économiques familiales et les milieux communautaires influencent les rapports à l’école et aux savoirs.
Les façons dont s’articulent ces facteurs permettent de dégager des profils d’expérience scolaire spécifiques sur lesquels se fondent les rapports à l’école et la construction des sujets. On constate notamment que l’expérience scolaire des enfants vivant dans les ménages dirigés par les femmes seules est influencée par des conditions extrêmement difficiles de pauvreté qui compromettent leur scolarisation.