Gender, Race, and Nation. Femonationalism and the Problematisation of Female Circumcision and Genital Cosmetic Surgery in the Swiss Public Sphere, 1983–2015
Après l’obtention d’un master en sociologie à l’Université de Genève, Dina Bader a réalisé une thèse en sciences sociales à l’Université de Lausanne sous la co-direction de la Prof. Véronique Mottier (ISS) et Prof. Sara Johnsdotter (Université de Malmö). En parallèle à son doctorat, elle est depuis 2011 collaboratrice scientifique au Forum suisse pour l’étude des migrations et de la population de l’Université de Neuchâtel. Elle a défendu sa thèse le 17 décembre 2018.
Qu’est-ce que la ‘mutilation génitale féminine’ (MGF) ? Selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé, les MGF englobent toutes les interventions incluant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes féminins pour des raisons non médicales. Or, les discours sociaux dans la sphère publique suisse définissent les MGF de manière plus restrictive, comme des pratiques ‘inacceptables’ de groupes racialisés. En juillet 2012, la loi suisse sur les MGF est entrée en vigueur, interdisant tout type d’excision telle que pratiquée dans les pays d’Afrique et d’Asie du Sud-Est, mais excluant la réglementation de la chirurgie esthétique génitale féminine comme la nymphoplastie (ablation des petites lèvres) et la clitoridectomie ‘esthétique’ (ablation du gland clitoridien), effectuée dans les cliniques suisses, également sur les mineures.
A travers une analyse du discours textuel et visuel dans différents domaines de la sphère publique suisse sur trois décennies (1983-2015), cette thèse examine les représentations de l’identité nationale suisse et de ses figures d’altérité dans les débats suisses sur ce qui constitue des MGF. Pour ce faire, l’auteure examine l’analogie entre l’excision et la chirurgie esthétique génitale féminine pour explorer les logiques fémonationalistes qui mobilisent des discours nationalistes au nom des droits des femmes dans les débats sur les MGF. Elle interroge de manière critique les oppositions binaires entre l’excision et la chirurgie esthétique génitale féminine et démontre qu’elles promeuvent des représentations d’une société suisse moralement supérieure aux pays d’origine des immigrés non occidentaux.
Mots-clés. Mutilation génitale féminine, excision, chirurgie esthétique, fémonationalisme, postcolonialisme, identité nationale, migration, Suisse.