Les temporalités des jeunes à l’épreuve de la socialisation professionnelle initiale. Le cas des apprentis médiamaticiens et assistantes en soins et santé communautaire
A la suite d’un Master en sciences de l’éducation obtenu à l’Université de Genève, Guillaume Ruiz a défendu sa thèse de doctorat le 5 novembre 2018 sous la direction de Gaële Goastellec, MER à l’ISS et de Marc Bessin, Directeur de recherche CNRS à l’EHESS (Co-directeur de thèse). Ses principaux intérêts de recherche portent sur la formation professionnelle initiale et les temporalités sociales.
À l’issue de la scolarité obligatoire en Suisse, une majorité de jeunes entame une formation professionnelle initiale. Cette socialisation est le lieu d’une série de transformations organisationnelles, mais aussi identitaires importantes. Il s’agit à la fois de repenser son emploi du temps face aux nouvelles contraintes quotidiennes tout en réajustant sa position dans une série de rôles sociaux. À l’aune d’une approche temporaliste permettant d’interroger tant les cadres temporels dans lesquels les individus se meuvent que les expériences plus subjectives qu’ils font du temps, cette thèse investigue ce processus de socialisation à partir de deux apprentissages différents, les médiamaticiens et les assistantes en soins et santé communautaire.
Après avoir montré que l’entrée en apprentissage constitue un moment relativement sensible selon la socialisation antérieure des apprentis, ce travail s’intéresse aux valeurs, représentations et manières de « travailler le temps » propres à chacun des deux métiers retenus. La focale est notamment mise sur la façon dont les apprentis les intègrent progressivement, participant ainsi à asseoir leur identité professionnelle mais aussi leur identité de genre. En effet, ces deux métiers étant fortement genrés, la socialisation aux manières de « temporer » qui leur sont propres participent à construire du genre. Mais l’investigation des temporalités de ces apprentis ne se cantonne pas à l’unique sphère formative. Leur organisation quotidienne du temps et leurs perspectives sont aussi interrogées. Entre les discours sur leurs temporalités et leurs manières de travailler le temps, mais aussi entre les multiples espaces sociaux qu’ils fréquentent, des différences se donnent à voir, à partir desquelles cette thèse démontre que les temporalités participent non seulement de la construction mais aussi de l’affirmation des multiples identités sociales dont chaque individu est porteur.