Si la ville de Lausanne a une existence à l’échelle-monde, c’est largement dû à son statut de capitale du sport international. Mais qui sont vraiment les membres du Comité international olympique (CIO) installé sur les bords du Léman depuis 1915 ? De quelle élite cosmopolite et transnationale sont-ils le nom ? C’est tout l’enjeu du projet FNS piloté par le professeur Patrick Clastres, impliquant l’historienne Florence Carpentier et la doctorante Helena Klima, ainsi qu’un réseau de 81 correspondants nationaux.
Constitué en Sorbonne en 1894, le CIO a été doté par son fondateur, le baron français Pierre de Coubertin (1863-1937), d’un système de valeurs qui mêle la culture chevaleresque des aristocraties européennes, l’humanisme de la Renaissance plutôt que celui des Lumières, l’hygiénisme social, l’éducation britannique au struggleforlife, le dogme élitaire de l’amateurisme, et le liberal pacifism transatlantique du second XIXe siècle. Que ce corpus de valeurs ait survécu jusqu’à nos jours s’explique par le principe de cooptation qui prévaut dès l’origine pour le recrutement des membres du CIO. Cela tient également au règlement adopté en 1908 qui stipule que ses membres représentent le CIO dans leurs pays respectifs, et non l’inverse.
Au croisement de l’histoire, des sciences politiques, et de la sociologie des élites, notre projet vise donc à connaître les facteurs socio-culturels, économiques et politiques qui ont prévalu dans le self recruitment des 300 membres cooptés avant la mutation commerciale du CIO dans les années 1970-1980. Nous allons reconstituer leurs trajectoires familiales et professionnelles, identifier leurs formes de sociabilité et leurs pratiques culturelles, préciser leurs orientations idéologiques et leurs engagements politiques, et dessiner leurs réseaux.
La méthode prosopographique, ou « biographie collective », sera accompagnée par l’utilisation d’un logiciel de traitement des données élaboré sur mesure par la Platec. Les 300 notices biographiques seront alors mises en ligne à destination des chercheurs et du grand public. Enfin, deux workshops internationaux seront organisés à l’UNIL sur les organisations internationales non-gouvernementales et gouvernementales à des fins d’histoire comparée. Ils devraient permettre de mieux positionner le Centre d’études olympiques et de la globalisation du sport (CEO&GS), créée en 2015 à l’ISSUL, dans le paysage de la recherche internationale en histoire du sport.
Prof. Patrick Clastres, Institut des sciences du sport de l’Université de Lausanne (ISSUL)