Après une Licence ès sciences politiques, Nils Moussu a défendu sa thèse de doctorat le 8 décembre 2017, sous la direction du Prof. Jean-Christophe Graz, IEPHI et de Yohan Ariffin, MER à l’IEPHI (Co-directeur de thèse). Ses principaux domaines de recherche portent sur le rôle des acteurs économiques dans la politique du changement climatique, les marchés du carbone, l’étude des discours et narrations et la théorie politique critique.
Entre corporatisme et universalisme : les associations de firmes transnationales face au changement climatique
Comprendre les dynamiques à l’œuvre au sein de la politique transnationale du changement climatique requiert de se pencher sur le rôle des acteurs non-étatiques qui contribuent, aux côtés des Etats, à faciliter ou à entraver l’avènement d’une nécessaire transition écologique. Adoptant une perspective d’économie politique internationale, ce travail de thèse se penche sur les associations de firmes transnationales et insiste sur la nécessité de distinguer celles-ci en tant qu’acteurs politiques divers. Pour ce faire, un continuum issu de la théorie politique gramscienne est proposé, continuum qui permet de situer les associations de firmes transnationales entre deux formes idéale-typiques : le syndicat professionnel qui correspond au moment économico-corporatif du rapport des forces politiques d’une part, et l’intellectuel organique et collectif qui correspond au moment de la lutte pour l’hégémonie d’autre part.
En appui de cette caractérisation, deux études de cas sont menées, avec pour objectif de distinguer ces associations en fonction de trois dimensions principales. La première traite des enjeux d’organisation des firmes au sein des associations et s’intéresse en particulier à la composition de celles-ci, en termes de secteurs économiques et de provenance géographique. La seconde traite des productions discursives et principalement des narrations de la « firme en transition » telles qu’articulées par des intellectuels organiques et collectifs. Enfin, la troisième traite du travail effectué par les associations de firmes afin de promouvoir des principes qui se réalisent en différentes pratiques.
Au travers de cette étude, la présente recherche propose une opérationnalisation originale du cadre théorique néogramscien en combinant diverses méthodes et stratégies de recherche. Sur un plan empirique, cette recherche souligne le rôle spécifique joué par certaines associations de firmes dans l’unification des positions des acteurs économiques en vue de garantir leur légitimité et leur statut de partenaires de la politique transnationale du changement climatique, et non comme des acteurs dont les activités seraient l’objet de régulations publiques et démocratiques.