Les motos chinoises au Burkina Faso : Une affaire d’Etat. Nouveaux itinéraires d’accumulation marchands transnationaux et gestion de l’extraversion
Guive Khan Mohammad est titulaire d’un Doctorat ès Sciences Sociales de l’Université de Lausanne et d’un Master en Etudes du Développement de l’Institut des Hautes Etudes Internationales et du Développement (IHEID) de Genève, Suisse. Soutenue en juin 2016 sous la direction de M. Antoine Kernen, MER à l’ISS, sa thèse de doctorat s’intitule « Les motos chinoises au Burkina Faso : Une affaire d’Etat?». Ses intérêts de recherche sont principalement liés à l’arrivée des produits chinois en Afrique, avec une attention particulière portée aux commerçants transnationaux ouest-africains et aux relations entre Etat et monde des affaires en Afrique.?A partir de septembre 2016, il travaillera sur un nouveau projet de recherche, conjointement financé par le Fonds National de Recherche Suisse et la Direction du Développement et de la Coopération Suisse.
Cette thèse traite de la restructuration du secteur de la moto au Burkina Faso, qui s’opère, dès le début des années 2000, sous la pression de l’arrivée massive des produits chinois. Fournissant de nouvelles opportunités commerciales, l’arrivée de ces produits – moins chers – coïncide avec l’émergence d’une multitude de nouveaux entrepreneurs transnationaux africains. Leur émergence dans le secteur des cycles va contribuer à remettre en question les hiérarchies commerçantes et les structures de pouvoir qui le traversaient depuis l’indépendance.
Pour prendre la mesure de ces bouleversements, cette thèse s’appuie sur un cadre théorique faisant dialoguer les travaux s’inspirant de la « mondialisation par le bas » et les contributions de sociologie politique sur l’Etat en Afrique. Outre le fait d’offrir des présentations détaillées des itinéraires d’accumulation et des stratégies commerciales de nombreux marchands transnationaux, et d’amener une compréhension fine de la transformation des pratiques et logiques de consommation burkinabé, cette thèse s’attache ainsi avant tout à évaluer l’influence de la multiplication de ces entrepreneurs transnationaux sur la gestion d’un élément central du pouvoir en Afrique : les rentes de l’extraversion. Historiquement, le secteur de la moto constituait en effet une position d’accumulation rentière pour les élites politiques et économiques burkinabé. Observer comment se partagent désormais les rentes de l’extraversion dans le secteur nous permet de mettre en lumière un glissement vers une forme de gestion plus indirecte.
A bien des égards, ce nouveau partage rentier se fait l’écho d’une multipolarisation du processus d’extraversion lui-même, qui s’opère sous la pression combinée d’une multitude de « cadets sociaux » (consommateurs, entrepreneurs et représentants de l’appareil d’Etat). En somme, au travers de l’analyse de la restructuration du secteur de la moto au Burkina Faso se dévoilent les conséquences de l’accroissement des échanges sino-africains en termes d’économie politique.