Is blood still thicker than water? A life-course perspective on the transformation of family and friends’ roles in personal networks
Titulaire d’un Master en sociologie de l’Université de Genève, Gaëlle Aeby s’est d’abord intéressée au placement institutionnel des mineur-e-s, puis aux configurations familiales recomposées. En mars 2015, elle a soutenu sa thèse de doctorat en sciences sociales sous la direction de Jacques-Antoine Gauthier et Eric D. Widmer, au sein du Centre de recherche sur les parcours de vie et les inégalités (LINES/ ISS). Elle vient d’obtenir une bourse FNS Early Postdoc.Mobility pour son projet “Experiences and consequences of union dissolution: Recomposition of personal networks and roles of divorce rituals in a life-course perspective”, qu’elle développera à l’Université de Manchester.
Cette thèse étudie les frontières mouvantes entre les rôles de la famille et des ami-e-s dans les réseaux personnels en adoptant une perspective du parcours de vie et en prenant la Suisse comme étude de cas. A une époque où la vie personnelle dans les sociétés occidentales contemporaines est affectée par des changements majeurs, comprendre l’organisation des réseaux personnels en lien avec le déroulement des parcours de vie individuels est d’une importance première pour faire face aux enjeux liés à l’intégration sociale.
Les données proviennent d’une étude nationale représentative qui s’est déroulée en 2011 intitulée Family tiMes et qui inclut 803 individus nés soit entre 1950-1955, soit entre 1970-1975. Une méthodologie de recherche innovante a été adoptée, combinant des données transversales sur des réseaux égo-centrés et des données longitudinales rétrospectives sur des parcours de vie.
Les résultats montrent que des frontières subsistent entre les rôles de la famille et des ami-e-s et que la famille garde un rôle prépondérant dans les réseaux personnels, malgré une importance notable des liens d’amitié. Une relation surpasse toutes les autres, le partenaire, suivi loin derrière par les enfants. Concernant les parcours de vie, des tendances à la dé-standardisation ont été mises en avant dans la formation de la famille ainsi qu’une structuration genrée persistante des trajectoires professionnelles. Deux sortes de trajectoires de vie sont particulièrement liées aux réseaux personnels, la trajectoire de cohabitation et celle de couple, toutes deux en lien avec le déroulement de la vie familiale. En particulier, la transition à la parentalité fonctionne comme un tournant dans les vies des individus, transformant leur sociabilité en profondeur. Finalement, un double processus de pluralisation a été identifié, affectant simultanément l’organisation des réseaux personnels et le déroulement des parcours de vie individuels.
Cette thèse contribue à la littérature sur la sociologie de la famille et de la vie personnelle ainsi que sur le lien très fécond entre l’approche réseau et la perspective du parcours de vie.