Des cheminements sur la voie royale. Une analyse sociologique des parcours de vie des normalien-ne-s de Saint-Cloud, Fontenay-aux-Roses et Lyon (1981-1987)
Licencié ès sciences des sociétés et de l’environnement de l’Université Lumière Lyon II, Pierre Bataille a soutenu sa thèse en sciences sociales en novembre 2014, sous la direction de Nicky Le Feuvre.
Intégrer un établissement scolaire prestigieux suffit-il pour faire une carrière professionnelle à la hauteur des efforts scolaires consentis ? C’est à cette question que cette thèse, consacrée à l’analyse des parcours de vie d’un groupe d’anciens et anciennes élèves d’un établissement scolaire d’élite français (les Ecoles normales supérieures de Fontenay-aux-Roses, Saint-Cloud et Lyon ; promotions 1981-1987) essaie d’apporter quelques éléments de réponse.
La recherche adopte une approche longitudinale et a pour but de montrer comment l’articulation entre la socialisation familiale, scolaire, professionnelle et conjugale participe à l’orientation progressive des parcours de vie des normalien-ne-s. Elle vise ainsi à remettre en question l’idée, largement répandue, selon laquelle le fait de réussir un concours scolaire aussi sélectif et prestigieux que celui des ENS garantirait à tou-te-s les élèves les mêmes chances d’accès aux positions dominantes de l’espace social.
Alliant l’analyse de trois types de données (archives, questionnaires, entretiens), cette thèse met en évidence la manière dont les inégalités relatives à l’origine sociale et au sexe se recomposent, une fois les portes de l’institution franchies. Elle montre que, dans un contexte socio-historique marqué par une forte expansion scolaire, il est plus que jamais nécessaire d’opérer une articulation systématique entre l’analyse des conditions sociales de réussite scolaire et l’analyse des conditions sociales d’exploitation des titres scolaires, afin de rendre compte des processus complexes de reproduction des inégalités et d’esquisser certaines de leur conditions de dépassement.