Intervention de la pensée représentative de futurs enseignant?e?s dans leurs prises de position envers l’intégration scolaire
De premières professions enseignant spécialisé et psychologue scolaire, Serge Ramel occupe actuellement la fonction de professeur formateur à la HEP Vaud : il enseigne et mène des recherches dans les domaines de l’inclusion scolaire, ainsi que de la promotion de la santé et de la prévention en milieu scolaire. Il est également codirecteur du Laboratoire international sur l’inclusion scolaire (LISIS) et assure dans ce cadre un mandat d’expert auprès de l’UNESCO.
Ces deux dernières décennies, des recommandations internationales ont fait de l’inclusion scolaire une thématique prioritaire. De nombreux pays ont ainsi adapté leurs politiques en obligeant les acteurs scolaires à interroger leurs représentations des missions de l’école et de leur rôle au sein de celle-ci. En Suisse, un nouveau cadre national a défini comme prioritaire l’intégration dans l’école ordinaire des élèves en situation de handicap. Dans ce contexte, la formation initiale est perçue comme essentielle pour amener les futurs enseignant?e?s à développer des attitudes ouvertes envers les élèves en situation de handicap ou ayant des besoins éducatifs particuliers. Si beaucoup d’études portent sur le rôle de la formation dans la construction d’attitudes professionnelles, très peu traitent des représentations des enseignant-e-s à l’égard de l’intégration scolaire et encore moins de celles des futurs enseignant-e-s.
Notre recherche vise à mettre en évidence l’intervention de la pensée représentative des futurs enseignant?e?s dans leurs prises de position envers l’intégration scolaire. A cet effet, nous avons interrogé 261 étudiant?e?s se destinant à l’enseignement primaire et 212 à l’enseignement secondaire en début, milieu ou fin de formation. Nos résultats montrent que l’objectivation de leurs représentations de l’intégration scolaire se focalise sur les prototypes de situations de handicap les plus médiatisés.
Par ailleurs, quand bien même les étudiant?e?s ont-ils/elles conservé des attitudes favorables à l’intégration durant leur formation, ils la quittent pour la plupart avec une appréhension renforcée à l’égard des situations de handicap ou de besoins éducatifs particuliers qu’ils s’attendent à rencontrer dans leur future pratique. Bien que jugée insuffisante par les étudiant?e?s, la formation oriente néanmoins favorablement leurs prises de position envers l’intégration des élèves concernés. En particulier, une plus grande pratique de stage, si modeste soit-elle, a un effet important sur l’augmentation du sentiment de compétence et de perception d’assurance des futurs enseignant?e?s.