Ce projet FNS, dirigé par Benoît Dompnier (UNILaPS, UNIL) et réalisé en collaboration avec Wojciech ?wi?tkowski (doctorant FNS), vise à étudier l’impact de la valorisation sociale des buts d’accomplissement impliquant une comparaison sociale entre étudiant-e-s (buts de performance) dans le système universitaire suisse.
D’après la théorie des buts d’accomplissement, les étudiant-e-s peuvent poursuivre différents buts en contexte académique et l’adoption de certains de ces objectifs influence positivement la réussite académique. Les recherches en la matière ont effectivement montré que les buts de performance – qui consistent à chercher à atteindre la compétence comparativement à celle d’autrui – ont des conséquences positives sur la réussite lorsqu’ils sont orientés vers l’approche (chercher à être meilleur que les autres) et des conséquences négatives lorsqu’ils sont orientés vers l’évitement (chercher à éviter d’être moins bon que les autres). Toutefois ces travaux ont largement sous-estimé l’importance du contexte social dans lequel ces buts sont étudiés. L’objectif de ce projet est donc d’identifier les conditions sociales d’apparition de ces effets.
Sur ce point, des recherches récentes conduites à l’Université de Lausanne concernant les effets des buts d’accomplissement sur le jugement social ont mis en évidence que les buts de performance (approche et évitement) sont valorisés différement sur les deux dimensions de la valeur sociale : l’utilité sociale et la désirabilité sociale. Plus particulièrement, alors que les buts de performance-approche sont essentiellement perçus comme permettant de réussir à l’université (utilité sociale positive), les buts de performance-évitement sont plutôt perçus comme permettant de se faire apprécier des enseignant-e-s (désirabilité sociale positive).
L’hypothèse générale qui sera testée dans le cadre de ce projet est que la valeur sociale « par défaut » des buts de performance (approche et évitement) sur ces deux dimensions donnerait des raisons différentes aux étudiant-e-s pour les adopter (adopter ces buts pour réussir leurs études vs. pour se faire apprécier des enseignant-e-s), ce qui conditionnerait l’apparition de leurs effets positifs et négatifs sur la réussite académique. La validation empirique de cette hypothèse ouvrirait la voie à une relecture sociétale de la théorie des buts d’accomplissement ainsi qu’à une mise en perspective des recommandations actuelles en matière de promotion de ces motivations dans le système académique.
Benoît Dompnier, MER (IP, UNIL)