Anne Marcellini est professeure associée en sociologie du sport et des activités physiques adaptées à l’ISSUL depuis août 2014. Elle était préalablement professeure en sociologie du sport à l’Université de Montpellier (France).
Quel est le parcours qui vous a amené à devenir chercheuse ?
Pendant mes études secondaires et universitaires, j’ai été animatrice de colonies de vacances, puis maître-nageur, monitrice de voile, puis de plongée sous-marine. Après mes études en sciences du sport, mon premier poste fut celui de professeure d’éducation physique auprès d’adolescents handicapés. Ces différentes activités professionnelles m’ont confrontée de manière récurrente à des questionnements sur les groupes, les collectifs, les liens sociaux, leur construction, leurs ruptures, leurs qualités, leurs histoires aussi, et j’ai eu envie de mieux comprendre les dimensions sociales de la vie humaine.
Votre domaine de recherche en une phrase ?
Je travaille principalement sur la construction sociale des situations de handicap que peuvent rencontrer des personnes ayant des limitations de capacités. Que ces limitations soient liées à des maladies, des anomalies, des atteintes traumatiques, ou encore tout simplement à l’avancée en âge, je m’intéresse à la façon dont ces limitations de capacités peuvent conduire (ou non) à des situations de handicap, c’est-à-dire à des situations de désavantage social et de réduction de la participation sociale.
Et un sujet plus précis en quelques mots ?
En ce moment, par exemple, je travaille sur les liens entre la pratique sportive de haut-niveau et les bifurcations dans les parcours de vie de sportifs ayant des déficiences intellectuelles.
Pourquoi ce domaine de recherche ?
Il s’agit de mieux comprendre comment les sociétés construisent les différences, et comment elles évoluent dans leur rapport aux différences. Ce qui m’intéresse le plus est la compréhension des liens entre corps, identités, altérités et sociétés.
Pourquoi faire cette recherche à la Faculté des SSP de l’UNIL ?
La faculté des SSP de l’UNIL est pour moi un lieu très favorable à ces recherches puisqu’elle regroupe des spécialistes des sciences sociales, dont certains spécialistes du handicap, de l’éducation spécialisée, du corps, des images, des processus d’exclusion, et également des spécialistes du sport et des organisations sportives. Une histoire sociale de la Suisse dans ses rapports aux différences et à la diversité a déjà été initiée, j’aimerais aussi y contribuer.
Qu’attendez-vous de vos recherches ?
Les recherches que je mène sont la plupart du temps des recherches qualitatives, pour lesquelles je dois développer une collaboration étroite avec les acteurs et les organisations sociales. De ce fait, j’espère toujours que mes recherches produiront de nouvelles connaissances et qu’elles pourront nourrir de différentes manières les « terrains » qui les ont accueillies.
Quelles difficultés éprouvez-vous dans le travail de recherche ?
La principale difficulté que j’ai rencontrée jusqu’ici est une difficulté dans la gestion du temps. En effet, très souvent j’ai le sentiment que les données recueillies et accumulées ne sont pas suffisamment exploitées, par manque de temps. En outre, j’aimerais utiliser plus directement les films dans mes travaux pour aller vers une sociologie visuelle et collaborer plus étroitement avec des spécialistes du cinéma documentaire, ce qui signifie entrer dans un nouveau domaine et ce qui nécessite aussi beaucoup de temps.
Quels sont les talents cachés qui vous aident à surmonter ces difficultés ?
J’essaie de travailler sur des projets de longue durée. Cela ne renvoie pas à un talent, il faut surtout être persévérant…
Qui serez-vous dans 10 ans ?
Peut-être une réalisatrice de documentaires sociologiques ?