Anke Tresch a été engagée à l’Institut d’études politiques, historiques et internationales comme professeure assistante boursière du FNS en septembre 2014. Ses recherches portent sur les relations entre citoyens, acteurs politiques et médias dans une perspective comparée.
Quel est le parcours qui vous a amené à devenir chercheuse ?
J’ai toujours eu envie d’apprendre et de faire des études, mais je n’ai longtemps pas envisagé une carrière académique. Je suis la seule universitaire dans ma famille et je dirais que mon parcours est, pour une grande partie, le fruit de coïncidences et d’enchaînements heureux. Sortant d’une licence en science politique à l’Université de Genève, on m’a proposé un poste d’assistante suppléante que j’ai accepté pour financer mon diplôme d’études approfondies en science politique aux Universités de Genève et de Lausanne. Depuis, l’envie d’enseigner et de faire de la recherche ne m’a plus quittée.
Votre domaine de recherche en une phrase ?
Mes recherches se situent à l’intersection des sciences politiques, de la communication et de la sociologie. Je veux comprendre le vote et le choix électoral des citoyens, et notamment comment les acteurs politiques et les médias influencent ces choix par leur manière de communiquer, d’interpréter des enjeux politiques, d’attribuer des responsabilités ou de présenter des solutions.
Et un sujet plus précis en quelques mots ?
Dans le cadre de mon financement de professeure boursière du FNS, j’étudie actuellement les stratégies des partis politiques sur quatre dimensions de la compétition électorale : les enjeux qui attirent l’attention des citoyens, les schémas d’interprétation qui leur signalent comment concevoir un problème, les positions qui reçoivent leur soutien, ainsi que l’image que les électeurs se font des partis.
Pourquoi ce sujet de recherche ?
En science politique, l’étude des campagnes électorales a longtemps été négligée, probablement parce que de nombreuses recherches ont montré que les campagnes ont un pouvoir de persuasion limité. Or, les campagnes politiques sont importantes, ne serait-ce parce que les partis politiques les considèrent comme telles et investissent des millions pour gagner des voix électorales. Ceci vaut même pour la Suisse, où les partis ont peu de moyens et sont peu professionnalisés en comparaison internationale. Il est dès lors important d’analyser les stratégies de campagne des partis politiques. Plus fondamentalement, la qualité de nos démocraties dépend aussi, en partie, des campagnes électorales. Les citoyens doivent pouvoir s’informer pour faire des choix éclairés et défendre leurs intérêts.
Pourquoi faire cette recherche à la Faculté des SSP de l’UNIL ?
Il y a dans cette Faculté une grande diversité d’approches théoriques et méthodologiques. Ceci offre des possibilités d’échanges et de collaborations intéressantes, et permet d’élargir son horizon. Pour moi personnellement, le rattachement du projet « Selects » des études électorales suisses à FORS, dont l’UNIL est l’institution hôte, est également d’un grand intérêt.
Qu’attendez-vous de vos recherches ?
Qu’elles contribuent à comprendre la montée de certains partis dans un contexte de médiatisation du politique. Qu’elles enrichissent l’étude du choix électoral, qui est encore trop axée sur le comportement des électeurs. Et qu’elles puissent même avoir une certaine utilité pour les partis politiques.
Quelles difficultés éprouvez-vous dans le travail de recherche ?
Les partis politiques diffusent leurs messages par différents canaux — les médias traditionnels comme la presse, la radio ou la télé, les nouveaux médias comme Internet, Facebook ou Twitter et les flyers, les affiches dans la rue, etc. — qui ne s’adressent pas nécessairement aux mêmes publics. D’où la nécessité de bien choisir ses sources et de collecter beaucoup de données. Ce travail de récolte et de codage de données est long et fastidieux.
Quels sont les talents cachés qui vous aident à surmonter ces difficultés ?
La passion, la curiosité et la créativité sont indispensables mais pas suffisantes pour faire de la recherche. Il faut également persévérance, discipline, précision et un seuil de frustration élevé. Je peux être assez dure et exigeante avec moi-même.
Qui serez-vous dans 10 ans ?
Maman de trois adolescents ! Et, je l’espère, une chercheuse établie qui pose les bonnes questions, stimule l’intérêt des étudiants et collaborateurs pour ses domaines de recherche et leur transmet une certaine façon d’approcher et d’analyser les questions politiques et de société.