TOXIC : science et culture s’unissent pour raconter l’histoire invisible des pollutions

En mars 2024, le projet de recherche CROSS « Investigating industrial pollution: an interdisciplinary approach » livrait ses conclusions sur la contamination à la dioxine autour de l’incinérateur du Vallon, fruit d’une collaboration entre l’UNIL, Unisanté et l’EPFL. Moins d’un an plus tard, l’équipe à l’origine de cette enquête lance TOXIC, un ambitieux programme de médiation scientifique soutenu par le Fonds national suisse dans le cadre du programme Agora. Objectif : partager, au plus près des citoyen·nes, des savoirs issus de CROSS et d’autres travaux sur les pollutions environnementales, et créer un espace de dialogue ouvert.

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Anonyme, Vue d’ensemble de la Cité de Lausanne, prise depuis l’Hermitage avec la cheminée fumante de l’usine d’incinération du Vallon au premier plan, photographie, 1967, coll. Musée Historique Lausanne, tous droits réservés. © Atelier de numérisation Ville de Lausanne.

Céline Mavrot, politiste spécialisée dans les politiques et systèmes de santé, s’attache à mettre en lumière les enjeux de gouvernance institutionnelle et démocratique de ces questions. À ses côtés, Aurélie Berthet, toxicologue, analyse l’impact des polluants sur la santé humaine et l’environnement, tandis que Fabien Moll-François, historien et sociologue des sciences, étudie les effets sociaux et les controverses suscités par le progrès technique.

Comprendre l’héritage du passé pour agir dans le présent

Microplastiques dans l’air, pesticides dans les aliments, particules issues de l’usure des pneus, amiante dans l’environnement bâti. Ces substances inquiètent aujourd’hui, mais furent, hier encore, les emblèmes du progrès industriel et du confort moderne. TOXIC éclaire cette ambivalence en croisant histoire environnementale, sociologie politique, santé publique et

toxicologie. L’enjeu : replacer les pollutions dans leur contexte socio-historique pour mieux comprendre leur persistance et leurs effets.

La science à la rencontre du public

Porté par des institutions académiques et culturelles lausannoises, le projet sort des laboratoires pour investir la rue et les quartiers. Des expositions en plein air, enrichies de témoignages oraux, raconteront la vie dans des zones contaminées. Des « toxic tours » emmèneront habitant·es et expert·e· sur les traces concrètes des polluants. Le Musée historique de Lausanne intégrera à son parcours permanent de nouveaux modules sur le passé industriel du quartier du Vallon et ses conséquences. Dans le cadre d’une collaboration artistique, un spectacle sera créé à La Grange de Dorigny et présenté durant le Festival de la Cité.

Une attention particulière aux jeunes générations

En ciblant les enfants et les jeunes, TOXIC entend mettre en discussion les questions environnementales dans une optique scientifique et participative. Des ateliers scolaires ainsi qu’une collaboration avec le gymnase de la Cité offriront autant de façons d’apprendre et de débattre.

Une année d’événements

Le programme s’échelonnera sur 2025 et 2026, avec un temps fort dès l’automne : une table ronde le 12 novembre 2025 organisée avec le Laboratoire Histoire et Cité, réunissant scientifiques, journalistes et citoyen·nes pour débattre des enjeux de pollution et de santé publique.

Un réseau engagé

Autour de l’UNIL et d’Unisanté, TOXIC fédère le Musée Historique de Lausanne, La Grange de Dorigny, le Festival de la Cité, le Service Culture et Médiation scientifique de l’UNIL, des associations et maisons de quartier. Ensemble, ces partenaires construisent un récit collectif et documenté sur un sujet d’une actualité brûlante : la manière dont notre passé industriel continue, souvent à notre insu, de façonner nos corps, nos territoires et nos imaginaires.

Céline Mavrot et Fabien Moll-François (Institut des sciences sociales, Université de Lausanne)