L’Ombilic des savoirs. Une histoire nocturne des sciences humaines (1945-2025)
Michaël Roelli, assistant diplômé à l’Institut de psychologie, a soutenu la thèse qu’il a rédigée sous la direction du Professeur Rémy Amouroux (Institut de psychologie) le 17 juin dernier. Membre de l’Institut des humanités en médecine (CHUV-UNIL) et du réseau européen Cultural Dream Studies, il s’intéresse depuis 2020 aux journaux de rêves que les savants ont tenus aux XXe et XXIe siècles.
Cette thèse propose une histoire intellectuelle, culturelle et sociale des pratiques de collecte et d’interprétation de rêves personnels dans les milieux scientifiques européens et nord-américains. Tout au long du xxe siècle, des savants d’horizons divers se sont intéressés non seulement aux expériences oniriques des patientèles psychiatriques, des populations éloignées et des animaux non humains, mais aussi à leurs propres vies nocturnes. Des médecins, des psychologues, des philosophes, des sociologues et des anthropologues ont ainsi tenu des journaux de rêves.
Les recherches que Michaël Roelli a menées sur les récits de rêve du philosophe Louis Althusser, du neurophysiologiste Michel Jouvet, de l’écrivaine Hélène Cixous et de l’anthropologue Eduardo Kohn mettent en lumière l’influence que cette tradition scientifico-littéraire a exercée sur le développement des sciences humaines et sociales contemporaines. En dépit des différences qui séparent leurs auteurs et leur autrice, ces textes révèlent une même attirance pour le surnaturel et permettent d’identifier des points où le savoir sur l’être humain (l’histoire, l’hérédité, le genre, la pensée, etc.) se noue avec l’inconnaissable.