La cérémonie d’ouverture des cours 2025-2026 inclura cette année une conférence publique donnée par Janick Marina Schaufelbuehl autour d’un thème au cœur des enjeux contemporains : l’influence des multinationales étatsuniennes sur la démocratie.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les grandes entreprises multinationales ont joué un rôle central dans la construction de la mondialisation économique. À travers son intervention, la Prof. Janick Marina Schaufelbuehl proposera une analyse approfondie des tensions entre mondialisation économique et souveraineté démocratique, en s’appuyant sur ses recherches présentées dans son dernier ouvrage, Crusading for Globalization. US Multinationals and Their Opponents Since 1945 (University of Pennsylvania Press, 2025).
Multinationales et démocratie : une tension historique
Cette influence s’est souvent exercée en marge des processus démocratiques. La Prof. Schaufelbuehl nous expliquera comment un groupe de patrons à la tête des plus grandes multinationales du monde, comme IBM, Coca-Cola ou General Electric, ont influencé les politiques publiques américaines et internationales par le biais du lobbying et de liens étroits avec les administrations présidentielles. Elle retracera l’histoire de ces acteurs économiques qui, au nom du libre-échange et de l’expansion des marchés, ont façonné les règles du commerce et de la finance mondiale et qui, par leurs actions, ont contribué à la dérégulation des marchés et à la création d’institutions comme l’Organisation mondiale du commerce.
Janick Marina Schaufelbuehl nous parlera également des résistances au pouvoir accru des multinationales, y compris celles venues du Sud global, des syndicats et des altermondialistes. Par ailleurs, elle abordera le discours contre la mondialisation porté par la droite populiste, incarné notamment par Donald Trump.
- Quel pouvoir réel détiennent les multinationales sur la gouvernance mondiale ?
- La mondialisation met-elle en péril nos démocraties ?
- Comment les mouvements sociaux se sont-ils opposés au pouvoir des multinationales depuis les années 1970 ?
« Nous verrons comment ces différents facteurs ont amené les PDG des grandes entreprises à adapter leurs stratégies politiques, notamment en recourant à des initiatives de responsabilité sociale ou à des codes de conduite volontaires, dans une tentative de restaurer leur légitimité tout en sauvegardant leurs profits » complète-t-elle. Autant de questions qui seront au cœur de cette conférence, ouverte à toutes et tous sur inscription, et particulièrement pertinente pour les étudiant·es, chercheur·ses et citoyen·nes intéressé·es par les enjeux de gouvernance mondiale.
Une chercheuse au parcours international
Historienne des relations internationales et de l’histoire économique contemporaine, Janick Marina Schaufelbuehl s’est formée à l’Université de Lausanne et à l’Université Paris VIII, où elle a obtenu un doctorat en co-tutelle en histoire contemporaine en 2007. La chercheuse américano-suisse a ensuite mené une carrière académique marquée par une forte dimension internationale, en occupant des postes de recherche et d’enseignement dans des institutions prestigieuses, notamment à l’EHESS (Paris), à Georgetown University (Washington DC), à Columbia University, à Harvard, et à l’Institute for Advanced Study de Princeton.
Professeure à l’Université de Lausanne depuis 2011, elle dirige aujourd’hui l’Institut d’études politiques et co-dirige le programme doctoral en histoire contemporaine de la Conférence universitaire de Suisse occidental (CUSO). Spécialiste reconnue des dynamiques de pouvoir à l’échelle globale, elle est l’autrice de plusieurs ouvrages de référence, parmi lesquels La France et la Suisse ou la force du petit (Presses de Sciences Po, 2009), une analyse fouillée des relations politiques, économiques et financières entre les deux pays, et La Suisse et l’esclavage des Noirs (Antipodes, 2005), coécrit avec Thomas David et Bouda Etemad (Institut d’études politiques, UNIL), qui a marqué les débats sur la mémoire coloniale en Suisse.
Janick Marina Schaufelbuehl a également dirigé et co-dirigé des publications collectives sur des thématiques d’actualité, telles que Environmental Regulation and the History of Capitalism (Routledge, 2025), qui explore les liens entre entreprises et régulation environnementale, ou encore Between or Within the Blocs? Neutrality and Neutralism in the Global Cold War (Routledge, 2016), consacré aux rôles des pays non-alignés et neutres dans la Guerre froide.
Ses recherches sont régulièrement publiées dans des revues académiques de premier plan et soutenues par des financements compétitifs, notamment du Fonds national suisse (FNS). Elle a dirigé plusieurs projets de recherche d’envergure, dont actuellement : « Les apôtres du marché : acteurs et réseaux suisses du néolibéralisme international (1973–1995) », qui explore le rôle des élites helvétiques dans la diffusion des idées néolibérales à l’échelle internationale.
Lien vers les inscriptions à la cérémonie d’ouverture des cours (18 septembre, dès 17h15) : https://events.unil.ch/register/491/946
