Caroline Éliane Brazier

Les processus de reconversion professionnelle involontaire : ambivalences, temporalités et agentivités

Après une formation en littérature, histoire de l’art et enseignement à l’Université de Neuchâtel, Caroline Éliane Brazier s’est réorientée vers la psychologie de l’orientation professionnelle à l’Université de Lausanne. Elle a soutenu sa thèse de doctorat en psychologie le 3 février 2025, s’inscrivant dans un projet financé par le FNS dirigé par le Prof. Jonas Masdonati intitulé : « Les reconversions professionnelles involontaires : entre chocs de carrière, travail identitaire et relation à la formation » (2020-2024, FNS n°100019_192429).

Cette thèse explore les reconversions professionnelles involontaires, un phénomène encore peu étudié malgré son impact sur les trajectoires. Déclenchées par des problèmes de santé, un marché saturé ou la non-reconnaissance des diplômes, ces transitions sont marquées par des risques de déclassement et des obstacles variés. L’étude, menée auprès de 48 personnes, mobilise une approche qualitative longitudinale basée sur deux vagues d’entretiens.

Les analyses menées révèlent plusieurs caractéristiques clés des reconversions involontaires. La première met en évidence la diversité des trajectoires, oscillant entre perte et reprise de contrôle et de sens. La deuxième explore les dynamiques identitaires et émotionnelles, soulignant les processus complexes de perte et de reconstruction de l’identité professionnelle. La troisième examine l’influence des relations, en identifiant les acteurs·trices impliqué·es, leurs rôles et l’évolution de ces interactions dans le temps. Enfin, la dernière se concentre sur les choix de carrière contraints, montrant comment les individus tentent de préserver une continuité professionnelle en s’appuyant sur leurs intérêts, valeurs et compétences.

Ces analyses mettent en lumière trois processus centraux des reconversions professionnelles involontaires : l’articulation des ambivalences, l’inscription dans différentes temporalités et la compréhension des agentivités, soulignant la complexité de ces transitions. Plus largement, cette thèse s’inscrit dans les réflexions sur des carrières dignes et durables, en mettant en évidence la nécessité d’un accompagnement adapté pour limiter les risques de précarisation professionnelle.