The Boundaries of Activism. How the Mind and the Cultural Context Shape Action Repertoires
Après un master en science politique à l’Université de Genève, Baptiste Dufournet a réalisé son doctorat à l’Université de Lausanne sous la direction de Florence Passy. Durant sa thèse, il a également été chercheur invité au département de sociologie de la New-York University suite à l’obtention d’une bourse MobiDoc. Il a soutenu sa thèse le 21 mai 2025.
Cette thèse porte sur les répertoires d’action mis en œuvre par des groupes minoritaires en Suisse. Par le biais d’une étude comparative, elle cherche à expliquer pourquoi des activistes du mouvement gay se tournent vers la lutte pour les droits dans l’espace politique alors que ceux du domaine de la santé mentale et le handicap physique, bien que politisés, choisissent l’entraide et rejettent certaines formes de politisation comme les manifestations publiques. L’analyse repose sur des entretiens avec des activistes et non-activistes de ces différents groupes.
Pour comprendre ces variations dans les choix des buts et moyens d’action mis en œuvre par les activistes, la thèse montre l’importance, d’un point de vue théorique, de spécifier la relation entre les représentations mentales (ici les visions du monde social et politique) et l’action des individus. Pour cela, la thèse propose quatre mécanismes par lesquels les représentations mentales interagissent avec le niveau du contexte culturel, en particulier l’histoire des groupes et les institutions dans lesquels sont insérés les individus : catégorisation, activation, savoir-faire et résonance. La thèse éclaire à la fois la manière dont les représentations mentales et le contexte culturel contraignent l’action des individus tout en permettant des marges de manœuvre. Par exemple, le rejet de la Mad pride par des membres d’une organisation de personnes bipolaires, loin d’être le produit d’une dépolitisation et d’un manque de savoir-faire, est le fruit d’une volonté de ces personnes de tenir symboliquement à distance les organisations dominantes du champ de la santé mentale qui ont organisé ́cet événement.
La thèse contribue à la littérature sur les mouvements sociaux et la sociologie de la culture. Elle montre en effet en quoi le (non-) attrait de répertoires d’action (et d’idées et pratiques plus généralement) est le fruit d’un travail actif de positionnement de la part des activistes vis-à-vis d’autres groupes sociaux desquels ils et elles cherchent à se rapprocher ou se distinguer symboliquement. Lorsque les activistes tracent les frontières des répertoires d’action qu’ils/elles souhaitent et ne souhaitent pas mettre en œuvre dans le cadre de leur activisme, ils/elles signifient qui ils/elles sont et ne sont pas.
