Bridging Borders: Explaining European Cross-Border Integration
Alessia Setti est titulaire d’un Bachelor of Arts en Sciences économiques et sociales de la Libre Université de Bolzano (Italie) et d’un Master of Arts en études européennes de l’Université de Maastricht (Pays-Bas). Avant de commencer son doctorat, elle a travaillé dans le domaine des affaires européennes, notamment à Rome et à Bruxelles. Elle a ensuite rejoint l’Université de Lausanne en tant que doctorante FNS en science politique, où elle a mené une thèse de doctorat dans le cadre du projet FNS dirigé par le Professeur assistant Eccellenza Sean Mueller et intitulé «The Rise of the Sub: Territorial challenges of nation-state sovereignty in Europe and North-America». Son travail de recherche portait sur les régions transfrontalières en Europe. Alessia Setti a soutenu sa thèse à l’Université de Lausanne le 26 mai 2025.
Les régions transfrontalières de l’Union européenne (UE) sont souvent définies comme des laboratoires vivants de l’intégration européenne par les chercheur·ses et les institutions européennes. Néanmoins, les études européennes ne traitent que rarement de l’intégration dans les régions transfrontalières. Parallèlement, la littérature sur les études frontalières ne fournit pas non plus de définition unique de l’intégration dans les régions transfrontalières. Enfin, aucune recherche comparative n’a été entreprise pour expliquer ce phénomène.
Cette thèse comble ces lacunes scientifiques en adoptant une approche issue des études européennes appliquée aux régions transfrontalières. Sur le plan conceptuel, elle définit l’intégration transfrontalière en s’inspirant des approches classiques de l’intégration européenne et en la structurant en une dimension économique, sociale et politique. Sur le plan théorique, le cadre explicatif s’inspire du post-fonctionnalisme et postule que l’intégration peut être expliquée par des pressions fonctionnelles, identitaires et, dans une moindre mesure, des facteurs contextuels. Sur le plan empirique, ce travail développe d’abord un nouvel indice d’intégration et l’applique aux cinquante-quatre régions transfrontalières situées le long des frontières internes de l’UE.
Un modèle de recherche à analyse imbriquée est ensuite utilisé, combinant une analyse quantitative large-N et des études de cas jumelées afin d’expliquer pourquoi certaines régions transfrontalières sont plus intégrées que d’autres. L’analyse d’une régression linéaire multiple montre que les pressions identitaires, en particulier la proximité linguistique et un sentiment pro-européen, et les facteurs contextuels, notamment l’autorité régionale, sont significativement corrélés positivement avec l’intégration transfrontalière, toutes choses égales par ailleurs. L’analyse qualitative et comparative approfondie de la région du Rhin supérieur et de la région transfrontalière flamande-néerlandaise révèle ensuite le mécanisme causal expliquant leurs niveaux élevés d’intégration. Une analyse thématique des données d’entretien montre qu’une combinaison de pressions fonctionnelles et identitaires conduit à une intégration élevée, tandis que les facteurs contextuels jouent un rôle secondaire. Ainsi, en définissant et en mesurant de manière systématique et approfondie l’intégration transfrontalière en Europe et en employant une méthodologie variée pour analyser ses causes, cette thèse contribue à la fois à la littérature académique et à la pratique.
