Jonathan Miaz

Nous vous avions brièvement présenté son parcours en août dernier lors de sa nomination à l’Institut d’études politiques. Comment se développent depuis ses travaux de recherche et qu’espère-t-il atteindre à travers eux ? Interview avec Jonathan Miaz, Professeur assistant en prétitularisation conditionnelle en sociologie politique.

Quel est le parcours qui vous a amené à devenir chercheur ?

Durant mes études de science politique à l’Université de Lausanne, j’ai commencé à me passionner pour la recherche en sciences sociales. C’est pendant mon mémoire, je pense, que j’ai commencé à envisager la possibilité de faire un doctorat. Après l’obtention de mon diplôme, je n’ai pas directement trouvé de poste dans le domaine et j’ai travaillé durant six mois comme chercheur junior à l’Institut kosovar de recherche et de développement en politique à Pristina tout en continuant à déposer des candidatures pour des postes dans la recherche. J’ai finalement été engagé comme assistant diplômé au Centre de recherche sur l’action politique de l’Université de Lausanne. J’ai donc fait une thèse de doctorat en science politique sous la direction de Bernard Voutat et de Vincent Dubois aux universités de Lausanne et de Strasbourg. Durant cette période, j’ai particulièrement aimé les deux dimensions constitutives du métier, à savoir la recherche et l’enseignement. Après ma thèse et un poste de coordinateur du programme doctoral en science politique à l’Université de Genève, mon parcours postdoctoral m’a conduit à l’Université de Neuchâtel, à l’Université de Chicago et à l’American Bar Foundation, à Sciences Po Paris, ainsi qu’au Centre de droit comparé, européen et international de l’Université de Lausanne. Dans le même temps, j’ai gardé un pied dans l’enseignement en ayant des charges de cours à l’IEP, à l’ISS et à Sciences Po Strasbourg. Depuis août 2024, je suis professeur assistant en sociologie politique. J’estime avoir beaucoup de chance de pouvoir faire un métier qui me passionne.

Quels sont les axes de recherche que vous privilégiez actuellement ?

De manière générale, mes travaux s’intéressent aux relations entre droit, politique et société dans les domaines de l’asile et des droits humains, et se situent au croisement de la sociologie politique du droit, de l’action collective et de l’action publique. Actuellement, je privilégie deux axes de recherche complémentaires. Le premier porte sur les processus de judiciarisation du politique et sur les usages socio-politiques du droit, c’est-à-dire la façon dont les individus et des intermédiaires du droit, notamment des organisations militantes ou associatives, saisissent la justice pour défendre des droits ou une cause. Plus particulièrement, je m’intéresse aux conditions du recours au droit comme mode d’action, aux controverses juridico-politiques relatives à la saisine des tribunaux, notamment des cours internationales, et aux effets des processus de judiciarisation sur l’action publique. Le second axe porte sur les rapports aux droits et aux institutions des individus. Il s’agit là d’interroger leur réception du droit et de l’action publique, en particulier comment ceux-ci affectent leurs conditions de vie, leurs représentations et leurs pratiques.

Quelles difficultés avez-vous éprouvées dans le travail de recherche, et comment les avez-vous surmontées ?

Une des difficultés de ces dernières années a été l’instabilité et l’incertitude du parcours postdoctoral. J’ai la chance de pouvoir compter sur le soutien de ma compagne, qui est aussi dans une carrière académique, et d’avoir pu collaborer avec des collègues avec qui j’ai eu du plaisir à travailler. Donc, je dirais que mes proches et mes collègues m’ont permis de surmonter les difficultés que j’ai rencontrées.

Qu’attendez-vous de vos recherches ?

Mon objectif est de contribuer au développement de la recherche en sociologie politique et en études sociojuridiques, tant d’un point de vue empirique que théorique. Mes recherches visent à mieux comprendre les processus politiques, les conditions et les effets des usages sociopolitiques du droit par les mouvements sociaux, ainsi que la réception des droits et des politiques publiques par les individus, c’est-à-dire comment ils affectent leurs conditions de vie, leurs représentations et leurs pratiques.

Qui serez-vous dans 10 ans en une phrase ?

Sur le plan professionnel, j’espère rester un chercheur épanoui et enthousiaste, et un enseignant impliqué auprès des étudiant·es et motivé à transmettre sa passion pour la recherche. Sur un plan privé, je serai toujours l’heureux papa que je suis aujourd’hui.