Le 1er août 2024, Carlos Gómez González a été nommé Maître d’enseignement et de recherche de type 1 en socio-économie du sport à l’Institut des sciences et du sport. Interview.
Quelles ont été les étapes marquantes de votre parcours pour devenir chercheur ?
J’ai toujours été intéressé par la façon dont les individus pensent, interagissent et se comportent en société, en particulier à travers le prisme du sport. En tant qu’étudiant, j’avais déjà développé un certain intérêt pour la recherche.
Un groupe de recherche en Espagne m’a offert une première opportunité de collaborer à certains de leurs projets, ce qui m’a conduit à entreprendre un doctorat. Par la suite, j’ai obtenu une bourse d’excellence de la Confédération suisse, qui finalement m’a permis de réaliser un postdoctorat à l’Université de Zürich. Pendant cette période, j’ai eu l’occasion de travailler sur mes propres projets et de visiter des institutions de recherche dans d’autres pays. J’ai essayé d’apprendre autant que possible de mes collègues issu·es de différentes disciplines et c’est ainsi que j’ai progressivement commencé à tracer mon propre parcours de recherche.
Dans l’ensemble, je considère que rechercher des explications à mes propres questionnements avec des collègues du monde entier est un travail fascinant.
Quels sont vos domaines de recherche en une phrase ?
Mes recherches utilisent le sport comme un laboratoire, permettant de mener des expériences et de collecter des données précieuses pouvant expliquer des modèles de comportement. Mon travail utilise des méthodes quantitatives et expérimentales et se concentre principalement sur les thématiques des inégalités, du leadership et de l’efficacité de certaines politiques.
Qu’attendez-vous de vos recherches ?
En général, je m’attends à trouver des réponses aux questions qui m’intéressent tout en appréciant le processus de recherche. Plus précisément, j’attends trois choses de mes recherches. Premièrement, qu’elles soient pertinentes et qu’elles puissent apporter un soutien concret à certains groupes de personnes dans le domaine sportif. Deuxièmement, qu’elles puissent aider les organisations à prendre des décisions éclairées fondées sur des données fiables. Troisièmement, qu’elles suscitent l’intérêt d’autres chercheuses et chercheurs, qu’elles puissent inspirer de nouvelles études et qu’elles puissent contribuer à faire progresser les connaissances dans le domaine.
Quelles difficultés éprouvez-vous dans le travail de recherche ?
Le fait de combiner simultanément des projets de recherche avec l’enseignement et des tâches administratives tout en restant efficient est une première difficulté. Ensuite, sur le plan de la recherche, utiliser le sport comme laboratoire comporte son lot de défis, notamment en matière de validité externe. Le sport reflète de nombreux aspects de notre société, bénéficie d’une immense popularité et fournit des données particulièrement riches. Cependant, il présente des limites lorsqu’il s’agit d’extrapoler des résultats à d’autres contextes. De plus, l’utilisation d’expériences dans le sport pour répondre à des questions socio-économiques est complexe. Par exemple, nous créons des identités mettant en avant des caractéristiques minoritaires et interagissons avec des individus dans un contexte sportif pour détecter les inégalités et tester l’effet des incitations, sans dévoiler l’expérience. Chaque nouvelle expérience mise en place s’accompagne de difficultés, de faux départs et de défis que je dois surmonter au fur et à mesure. Un dernier défi à mentionner est celui du processus de publication, qui peut s’avérer assez stressant.
Quels sont les talents cachés qui vous aident à surmonter ces difficultés ?
Je ne sais pas si l’on peut parler de talents cachés, mais ce qui m’aide chaque fois que je suis confronté à une impasse, c’est de discuter du problème avec mes collègues, de rester ouvert aux critiques, de faire preuve de flexibilité et d’essayer d’adopter une vision plus large. Je pense qu’il s’agit avant tout d’une question de résilience. Parfois, on peut se sentir désemparé et on peut faire face à des critiques difficiles, mais si l’on est convaincu d’être sur la bonne voie, il est important de persévérer.
Qui serez-vous dans 10 ans ?
J’espère être un professeur en constante progression et toujours passionné par la recherche. Je souhaite apporter mon soutien à d’autres collègues, accompagner les jeunes chercheuses et chercheurs, ainsi que les étudiant·es. J’aimerais également continuer à faire de la recherche avec des ami·es tout en cultivant le plaisir dans ces projets. Je travaillerai pour élargir les opportunités de chacun dans le domaine sportif, développer des projets locaux qui impactent notre vie quotidienne, contribuer à l’amélioration de l’université et collaborer activement avec d’autres organisations.