Atanasio Bugliari Goggia

Rivolte nelle banlieues. Una classe sociale privata delle opportunità politiche ?

Détenteur d’une Maîtrise en droit et sciences juridiques de l’Université de Bologne, Atanasio Bugliari Goggia a mené des recherches sur les jeunes des classes populaires dans les villes de Turin et Paris, ainsi que sur les conditions de travail des ouvrier·ère·s immigré·e·s, employé·e·s dans la logistique dans la ville de Bologne. Ses recherches recourent tant à l’ethnographie – en particulier: méthode de la co-recherche – qu’aux entretiens compréhensifs, aux récits de vie et à l’analyse documentaire. Il a soutenu sa thèse le 30 mai 2024, sous la direction de la Professeure Florence Passy (IEP).

Cette recherche est née de la volonté de vérifier si les causes qui ont poussé les jeunes des banlieues parisiennes à entamer différentes vagues de protestation – la plus importante en 2005, mais aussi en 2007 et 2009 – étaient réellement imputables à des phénomènes tels que la ghettoïsation et/ou l’islamisation des banlieues, comme le prétendent certains universitaires, journalistes et souvent aussi activistes politiques, ou si elles avaient des motivations plus profondes et méritaient, donc, l’attention en tant que manifestations d’instances imputables à la sphère politique. A l’aide de la méthode ethnographique – notamment par l’observation participante pendant dix-huit mois dans deux banlieues du sud-est parisien et la réalisation de trente-six entretiens – nous nous sommes donnés pour objectif de faire émerger les contours de cette classe sociale spécifique vivant dans les banlieues, qui, loin de se présenter comme la « classe voyou », se révèle experte dans « l’art de la résistance » aux stratégies de domination du pouvoir, capable de produire du conflit social, de s’organiser en mouvement social et d’esquisser un projet politique national ambitieux visant à réduire les inégalités. Une classe sociale spécifique donc, capable d’agir collectivement, de se mobiliser de manière autonome et auto-organisée en vue d’un changement, et ce malgré les lourdes contraintes qui pèsent sur le développement du militantisme dans les quartiers populaires et qui viennent de l’extérieur : de la répression aux obstacles matériels, politiques et symboliques, en passant par la fermeture par le système institutionnel de toute opportunité politique ou le recours à l’expédient de la cooptation des énergies militantes en provenance des quartiers populaires. De l’héritage du passé plus ou moins récent de la révolte aux perspectives d’avenir, ce qui ressort des entretiens et des interventions en assemblée est une image surprenante qui, en dépit de la plupart des théorisations sociologiques des quarante dernières années, nous parle encore d’engagement, de solidarité et de lutte des classes.