Anatolia Batruch est première assistante au Laboratoire de psychologie sociale (UNILAPS), à l’Institut de psychologie. Elle nous décrit son parcours scientifique et ses recherches en cours.
Quel est le parcours qui vous a amené à devenir chercheuse ?
Je me suis toujours posée de nombreuses questions sur la manière dont la société influençait les individus et forgeait leur identité, mais je ne savais pas que l’on pouvait en faire un métier. Le hasard a fait que j’ai croisé une amie qui étudiait les sciences sociales alors que je voulais arrêter mes études de droit que je n’aimais pas. Elle m’a convaincue de venir à quelques cours avec elle. Dès mon premier cours en psychologie sociale, j’étais sûre d’avoir trouvé ma voie.
Quel est votre domaine de recherche en une phrase ?
J’étudie la manière dont l’appartenance à une classe sociale influence d’une part notre fonctionnement psychologique (nos comportements, nos émotions et nos pensées) et notre parcours scolaire d’autre part.
Vous avez reçu plusieurs bourses au cours de votre parcours, dont un subside Ambizione qui débutera en 2024. Pouvez-vous nous en dire plus ?
J’ai eu la chance d’avoir un directeur de thèse (Fabrizio Butera) qui m’a toujours encouragé à « essayer », même s’il fallait s’y reprendre à plusieurs fois. Après deux essais, j’ai reçu un Doc.Mobility, j’ai reçu une bourse SPARK du premier coup, et l’Ambizione lors de mon deuxième essai. Mon meilleur conseil est de se rappeler qu’il y a une part d’aléatoire et de ne pas mettre trop d’ego dans le processus, que ce soit lors des succès ou des échecs. J’ai aussi la chance de bien aimer l’exercice d’écriture de bourse. J’aime bien concevoir un programme de recherche.
Pourquoi être chercheuse à la Faculté des SSP de l’UNIL ?
J’ai eu la chance de faire ma thèse dans un laboratoire (UNILAPS) qui avait une bonne ambiance et d’excellentes conditions de recherche. Bien que j’aie eu des expériences positives à l’étranger (Pays-Bas, Australie), j’ai toujours su que je voulais revenir en Suisse, si possible à l’UNIL.
Qu’attendez-vous de vos recherches ?
Bien que l’étude des classes sociales fasse partie d’une longue tradition de recherche en sociologie, on en sait encore très peu sur les différences psychologiques entre classes sociales. Par exemple, cela fait longtemps que l’on sait que les classes sociales ont des attitudes politiques ou des attitudes envers les groupes sociaux (ex : immigrés) différentes, mais pourquoi est-ce le cas ? Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce ne sont pas les différences de revenus ou de compétitions sur le marché de l’emploi qui guident en priorité ces attitudes. Mon objectif est d’apporter de la clarté sur cette question en tenant compte de la dimension psychologique de l’appartenance à une classe sociale.
Qui serez-vous dans 10 ans ?
J’espère d’ici là, devenir Professeure et être la référence en Suisse de la psychologie des classes sociales.