Thinking-Feeling the Margins. An Intersectional ethnography of the Conflict within the Colombian Pacific rainforest
Attilio Bernasconi a réalisé deux masters à l’Université de Fribourg (Suisse). L’un en anthropologie sociale et l’autre en géographie humaine. À l’Université de Lausanne, il a été engagé comme assistant diplômé à l’Institut des sciences sociales de l’UNIL. En 2019-2020, suite à l’obtention d’une bourse de mobilité doctorale du FNS, il a été chercheur invité à l’Université de Harvard, aux Etats-Unis. Il a soutenu sa thèse pour l’obtention de titre de docteur le 29 juin 2022, sous la direction du Prof. Mark Goodale (SSP), en co-direction avec la Prof. Ieva Jusionyte (Brown University). Suite à l’obtention d’une bourse de mobilité postdoctorale du FNS, il sera chercheur invité à l’Institut d’Étude Agraires de l’Université de Yale (USA) de 2022 à 2024.
L’Armée de Libération Nationale (ELN) est le mouvement de guérilla marxiste-léniniste le plus important de Colombie. L’une des régions où ce mouvement a la plus grande l’influence est le bassin du Pacifique, une région riche en ressources naturelles et habitée majoritairement par des groupes ethniques noirs et indigènes. Dans cet espace, les guérilleros du Front de Guerre Occidental déplacent, pour la plupart, des jeunes originaires des communautés locales.
Basée sur un travail de terrain ethnographique approfondi, cette recherche explique le fonctionnement de ce front de guerre, les idéologies et les pratiques qui le soutiennent, et les raisons pour lesquelles les jeunes Afro-descendants et indigènes en font partie. Par-dessus tout, cette recherche explore les relations complexes qui lient le mouvement de guérilla et les habitants locaux.
L’intersectionnalité est le cadre analytique de ce travail car, dans le Pacifique colombien, la prise en compte de la race, de la classe, du genre et des relations avec l’environnement permet une analyse approfondie de cette réalité en marge de l’État.
Cette recherche montre comment une ligne de démarcation claire ne peut pas tracer les frontières entre l’ELN et les communautés ethniques et comment les relations économiques, affectives et de parenté, prévalent sur les engagements idéologiques ou l’adhésion à la lutte armée.
Enfin, dans l’éventualité de la réouverture d’un processus de paix avec l’ELN, cette étude indique comment une paix durable en Colombie ne peut être obtenue que par la participation active et prépondérante des groupes qui habitent les territoires affectés par le conflit armé interne – les seuls à avoir une connaissance approfondie de ces espaces.