Les personnes formatrices d’apprenti·e·s en entreprise : parcours professionnels et rapports à la fonction en Suisse romande
Titulaire d’un Master en sociologie de l’Università Cattolica del Sacro Cuore di Milano, Roberta Besozzi a travaillé comme assistante à la SUPSI. Elle a été ensuite engagée à la HEFP pour collaborer au sein du Projet FNS « Les formateurs et formatrices en entreprise, personnes-clefs de la socialisation professionnelle » au sein duquel elle a réalisé sa thèse en sciences sociales. Ses principaux intérêts de recherche comprennent la sociologie du travail, le rapport au travail, la formation professionnelle initiale, les parcours, la transition école-travail ainsi que la socialisation professionnelle. Elle a soutenu sa thèse le 9 mars 2022 sous la direction du Prof. André Berchtold (ISS) et sous la co-direction de la Prof. Nicky Le Feuvre (UNIL) et de la Prof. Nadia Lamamra (HEFP).
La formation professionnelle est la filière post-obligatoire la plus fréquentée en Suisse : deux tiers des jeunes se forment dans la voie professionnelle à la suite de l’école obligatoire, parmi lesquel·le·s environ 80 % choisissent le système dual. La formation initiale duale se déroule en alternance entre une ou deux journées par semaine d’enseignement théorique et pratique en école professionnelle et trois à quatre jours par semaine de formation pratique en entreprise, sous la responsabilité de formateurs et formatrices. Or, le rôle de ces personnes formatrices en entreprise (FEE) a été très peu étudié. Cette thèse vise à combler ce manque. Elle s’attache à mettre en lumière la diversité du rapport des personnes formatrices à leur fonction. Pour ce faire, elle s’appuie principalement sur les concepts et notions issus de la sociologie du travail. Elle adopte une approche qualitative et compréhensive, basée sur les propos de 80 formateurs et formatrices recueillis au travers d’entretiens semi-directifs menés en Suisse romande.
A l’aide d’une démarche typologique descriptive, quatre profils idéaux-typiques des FEE ont pu être élaborés : les « entrepreneur·e·s de soi », les « garant·e·s du métier », les « reconverti·e·s » et les « résigné·e·s ». Ces idéaux-types permettent de souligner la multiplicité des modes d’investissement de la fonction formatrice en entreprise, selon l’ethos professionnel des personnes concernées et selon les conditions concrètes d’exercice de leur fonction. La comparaison de ces quatre idéaux-types permet d’identifier quelques-uns des enjeux actuels de cette fonction, dont la tension entre les temporalités de la production et de la formation, et la manque de reconnaissance de la formation en entreprise.