Itinéraires de militants d’origine chrétienne dans les années 68 en Suisse romande. Configurations, biographies et parcours de vie
Détenteur d’un master en Science politique de l’UNIL, l’auteur a mené des recherches sur les jeunes des classes populaires, les politiques d’égalité dans les syndicats, et les itinéraires de militants et secrétaires syndicaux. Ses recherches recourent tant à l’ethnographie, qu’aux entretiens compréhensifs, aux récits de vie et à l’analyse documentaire. Elles croisent les approches dispositionnaliste et interactionniste (« carrière ») avec la sociologie des institutions, des mobilisations et de l’engagement.
Il a soutenu sa thèse le 11 mars 2022, sous la direction du Prof. André Mach (IEP) et sous la codirection du Prof. Olivier Fillieule (IEP), et de la Prof. Isabelle Sommier, (Université de Paris 1 Sorbonne).
Il a existé dans les années 1960-1970 une génération de militants d’origine chrétienne portant une contestation radicale d’une Église catholique portée à droite et d’une Église protestante embourgeoisée. À partir d’une recherche combinant travail sur archive et récits de vie, cette thèse raconte sous un nouvel angle l’histoire de ces militants qui grandissent dans le catholicisme et le protestantisme des années d’après-guerre et qui, dans les années 68 en Suisse romande, contestent l’Église-institution et investissent les mobilisations et mouvements sociaux de la décennie. Elle explore les itinéraires biographiques d’une vingtaine d’entre eux, comme autant de portraits qui font apparaître les déterminants multiples et croisés qui façonnent leurs « carrières militantes ». La thèse commence par renseigner les matrices de politisation d’une fraction de la jeunesse chrétienne, et les vecteurs sociohistoriques de transformation de la fidélité religieuse de clercs et laïcs engagés dans la contestation de l’institution religieuse.
Ce travail appréhende ensuite l’itinéraire de militants d’origine chrétienne en les inscrivant dans les configurations complexes qui font apparaître les rivalités, oppositions, et tensions entre une pluralité d’acteurs impliqués dans la dynamique de conflictualité de cette période. Analysant ensuite les carrières militantes en fonction des familles de mouvements (gauchisme, syndicalisme) et des modalités d’appartenance à l’institution (fidélité paradoxale), ce travail examine les logiques à travers lesquelles s’effectuent les investissements militants. L’entrée par les individus et les carrières militantes permet d’élargir l’étude de l’engagement et des mobilisations à l’ensemble des groupes formels et informels, des réseaux d’interconnaissance et des contestations au sein des institutions.
Les études de cas constituent autant de scénarii mettant au jour la manière dont leur engagement reflète la formation de schèmes, dispositions, intérêts et aspirations forgés à travers leur socialisation, expériences et appartenances à des groupes sociaux.